Fin des déchirements et des bisbilles à la gauche de la gauche genevoise? Cette semaine, solidaritéS, le Parti du Travail (PdT) et Défense des Aîné.es, des locataires de l’emploi et du social (DAL), les trois membres de la coalition Ensemble à gauche (EàG), ont annoncé vouloir unir leurs efforts, «dans le respect et l’autonomie de ses composantes» pour se présenter unis «dans la confiance» aux élections cantonales de 2023. «Nous travaillons depuis des mois pour modifier notre fonctionnement, respecter la démocratie de base et prendre parfois plus de temps pour décider. Afin de mieux faire entendre certaines catégories de la population et les classes populaires délaissées par la social-démocratie et les Vert.es», affirme Tobia Schnebli, président du PdT. Même son de cloche du côté de Christian Zaugg, député et président du Dal et de Jocelyne Haller, députée et membre de l’équipe dirigeante de solidaritéS. «Notre unité veut aller au-delà d’une alliance électorale et se construire à travers des projets politiques communs. Par exemple on mènera ensemble notre campagne contre l’augmentation de la participation financière suisse à l’agence européenne des garde-frontière, Frontex», explique-t-elle.
Scission gênante
Pourquoi un tel besoin de réaffirmer cette collaboration entre les trois groupes? Il faut sans doute aller chercher la réponse dans le «coup de force» récent effectué par Résistons, formation, issue d’une scission de solidaritéS. Le 22 février dernier, cinq députés de ce nouveau parti non-membre de la coalition EàG (Jean Batou, Pablo Cruchon, Jean Burgermeister, Pierre Vanek et Rémy Pagani) ont annoncé avoir créé un nouveau parti dénommé… Ensemble à Gauche-Genève, ouvert à «de nouvelles personnes» individuelles, avec comme objectif de lancer une liste unique de la gauche de la gauche aux élections genevoises du printemps 2023. Pour justifier leur démarche, les signataires, élus en 2018 sous l’étiquette solidaritéS, dénoncent des dysfonctionnements au sein de la coalition actuelle. Celle-ci «serait peu démocratique, mais surtout elle ne serait guère fonctionnelle», relatent les réfractaires.
Le grief est évincé d’un revers de la main par Christian Zaugg. «La création de ce nouveau parti ne respecte pas nos statuts, s’est fait à travers un amendement à la va-vite et sans nous consulter. De plus, ces 5 députés font montre d’un machisme inacceptable dans leur fonctionnement au sein du Grand Conseil, refusant la prise de paroles des députées du groupe. Il n’est pas possible de travailler ici et maintenant avec ces personnes», affirme-t-il. «La manière de faire n’est pas correcte. La décision est nulle et non-avenue», poursuit Jocelyne Haller.
Si les ponts semblent bien coupés avec Résistons, en prévision d’une liste unique, les membres d’Ensemble à Gauche n’excluent pas d’élargir leur coalition «à de nouvelles forces et associations». Une liste concurrente comme celle de Résistons peut-elle être préjudiciable à l’obtention du quorum, fixé à 7% des suffrages? Tobia Schnebli croit aux chances d’une large coalition de forces plutôt qu’aux vélléités d’un parti unique. Il rappelle qu’en 2018, une liste exclusivement féminine avait participé au scrutin, obtenant 3,3% mais sans empêchers EàG d’obtenir 7,8 % des voix et 9 sièges. «Nous défendons certains besoins de base de la population – lutte contre le changement climatique, contre la précarisation et pour le renforcement des assurances sociales, le rejet du militarisme, la défense des droits des minorités. Et par nos engagements nous montrons une réelle cohérence avec ces idéaux», assure-t-il.