Lancé par des citoyens de Saint-Gall en 2017 et déposée en 2019, soutenu en Suisse romande, par la Ligue Suisse contre l’expérimentation animale et pour les droits des animaux (LSCV), le texte vise à interdire l’expérimentation animale et humaine dans la recherche en Suisse, ainsi que l’importation ou l’exportation de tous les produits qui auraient bénéficié de ces recherches.
Pour la LSCV, association basée à Genève et abolitionniste, l’expérimentation animale serait inutile. «Il y a suffisamment d’exemples qui démontrent que la recherche sur les animaux n’est pas seulement une pratique cruelle, mais aussi un moyen de recherche qui freine l’innovation. Dans le domaine de la toxicologie, les modèles animaux ne sont pas capables de prédire dans un cas sur deux la toxicité d’une nouvelle molécule pour l’humain. Dans le domaine de la recherche appliquée, après avoir été développés sur des animaux, 9 médicaments sur 10 devront être abandonnés une fois testés sur des êtres humains», assure-t-elle. Elle pointe aussi les manquements des programmes fédéraux de substitution dénommés «3R» (remplacer, réduire, affiner). «Durant presque 30 ans, le Conseil fédéral a soutenu le fonctionnement de la Fondation recherche 3R, qui, à part décourager les chercheurs à se lancer dans une carrière sans expérimentation animale, n’a pas fait grand-chose d’autre», affirme-t-elle. Rappelons qu’en Suisse, plus de 550’000 animaux (primates, rongeurs ou même oiseaux) sont encore utilisés à des fins expérimentales contre 2 millions dans les années 80.
Menaces sur la recherche et la santé
Se passer de l’expérimentation animale et humaine? L’avis est loin d’être partagé par l’association Médecine Universitaire Suisse (Unimedsuisse), qui regroupe les hôpitaux universitaires de Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich, ainsi que les cinq facultés de médecine de Suisse. Elle considère que l’interdiction des tests sur les animaux compromettrait quasiment toute la recherche de nouveaux principes actifs, pour lesquels les normes internationales requièrent souvent une expérimentation animale afin de prouver leur innocuité. Elle assure aussi que la Suisse dispose d’un arsenal législatif complet «permettant de garantir une recherche médicale responsable» et une réglementation, «les plus strictes du monde». «Le principe des 3R figurant dans la loi exige que les expériences sur les animaux soient autorisées uniquement s’il n’existe aucune méthode alternative, que le nombre d’animaux de laboratoire soit limité au strict minimum et que les méthodes d’expérimentation et les conditions de détention soient les moins contraignantes possibles pour les animaux», explique Unimedsuisse.
Une autre raison du rejet a trait à l’interdiction d’importation de médicaments développés à l’étranger ayant fait l’objet de tests sur les animaux ou d’études cliniques impliquant des patient.es. «Il en résulterait une médecine à deux vitesses. Les patient.es aux revenus élevés se rendraient tout simplement à l’étranger afin de bénéficier de traitements vitaux qui ne seraient plus disponibles en Suisse», souligne l’association universitaire dans un communiqué. «Avec l’interdiction de la recherche impliquant des êtres humains, les patient.es suisses se verraient refuser toute participation à des études cliniques. Cela inclut potentiellement des traitements susceptibles de sauver des vies», note-elle encore.
Au niveau des partis, l’unanimité règne et tous – même à la gauche de la gauche ou au Parti évangélique – refusent l’initiative. Ceelle-ci «aurait des répercussions considérables pour la recherche suisse et pour notre système sanitaire. En cas d’acceptation, l’impact négatif l’emporterait nettement. Autrement dit: l’initiative jette le bébé avec l’eau du bain», relèvent ainsi les Vert.es.