L’arrière de la gare de Nyon s’est-il transformé en nouvelle ZAD (zone à défendre)? Toujours est-il qu’une centaine de sympatisant.es ont monté jusqu’à ce mercredi un camp en soutien aux sept membres de la ZAD (sur la centaine mise en cause) déférés devant la justice cette semaine suite à l’occupation du site du Mormont à Eclépens et à son évacuation manu militari en mars dernier. Les prévenu.es sont accusé.es de violation de domicile, alors qu’Holcim, le cimentier exploitant de la colline, a retiré sa plainte, mais aussi d’empêchement d’accomplir un acte officiel et d’insoumission à une décision de l’autorité. Certains doivent aussi répondre de violence ou menace envers les autorités.
«L’avenir fait-il partie d’une catégorie juridique?», annonce un zadiste, à l’occasion d’une burlesque pièce de théâtre, où figurent le juge Sthul (en fait Daniel Stoll), qui préside les débats à Nyon et avait déjà acquitté un policier ayant coupé la corde à laquelle un militant était suspendu pendant les mobilisations anti-G8 en 2003, mais aussi un faux représentant d’«Holciment» ou «Bécassine, mais pas trop» (allusion à l’ancienne Conseillère d’Etat écologiste Béatrice Métraux, qui avait pris en charge l’évacuation).
Tout en dérision, la performance improvisée finit sur la rétraction des autorités, qui embrassent à pleines mains la cause des militant.es anticapitalistes et défenseurs du climat. La réalité est pourtant loin d’être aussi rose et idyllique. Les prévenu.es risquent jusqu’à six mois d’emprisonnement. Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.
A l’occasion d’un débat radiophonique «sur la répression», plusieurs intervenant.es sont passé.es au micro. Celui se faisant appeler «Inconnu 003», et qui passait en jugement ce lundi, a rappelé que la police et la justice avaient mis les gros moyens pour arriver à leur fin. Arrêté, mais ayant refusé de donner son nom, il a été retrouvé grâce aux empreintes ADN prélevées durant son incarcération. Une autre militante, chargée de surveiller les cordages des trépieds en hauteur de défense de la zone, et accusée de jets de pierre contre la police, ce qu’elle conteste, a cherché pendant des mois des témoignages vidéos pour la disculper. Elle relève que lorsqu’un policier use de violence, il se couvre la plupart du temps en déposant une plainte en retour. Au micro, l’animatrice ponctue les interventions de la lecture du livre, Nous sommes partout, bréviaire de la contestation, qui dénonce la répression d’Etat à travers la justice et la police, histoire de réchauffer l’atmosphère qui se ventile entre repas vegan et gratuits, jeux forains et retrouvailles amicales. «On se bat pour le vivant, contre les désastres écologiques et sociaux en cours et à venir, sauf que l’Etat cherche à maintenir ce système destructeur, et il réprime sévèrement les mouvements contestataires qui oseraient remettre en cause le statu quo», réitère un communiqué des zadistes sur le site renverse.co.
Trop forte répression? Après Amnesty considérant que les agissements des zadistes étaient de la désobéissance civile protégée par la législation internationale relative aux droits humains, trois rapporteurs spéciaux des Nations Unies se sont inquiétés en début d’année de la disproportionnalité des peines que certains activistes pourraient écoper.