C’est à Malley, où sera bientôt érigée la première tour en bois de Suisse, que le comité d’initiative, issu des Vert.es, du Parti Socialiste, de solidaritéS, de décroissance alternatives, du POP, des Jeunes Vert.es, de la Jeunesse socialiste, de l’Association pour la Sauvegarde du Mormont et de Pro Natura Vaud, a fait son annonce. Objectif: inscrire dans la Constitution vaudoise la protection du Mormont et l’encouragement aux matériaux de constructions alternatifs au béton, durables et locaux. «Le Mormont, dont le sommet est classé à l’Inventaire Fédéral des Paysages (IFP), fait partie du patrimoine vaudois par son importance géologique, naturelle mais aussi historique et paysagère.
Utilisé depuis les années 1950 comme carrière par le cimentier Holcim, le Mormont est affecté par les extensions successives de cette exploitation, qui vont jusqu’à menacer son sommet. Il devient donc urgent de protéger ce qui peut encore l’être sur ce site d’importance paysagère et naturelle indéniable. Tout en favorisant, parallèlement, les alternatives durables et locales au béton pour que la pollution, les émissions de CO₂ massives et les dégâts environnementaux et paysagers engendrés par son exploitation ne soient pas juste reportés ailleurs, mais bel et bien réduits», ont développé les inititants. Le site est aussi réputé archéologiquement et classé bien culturel suisse d’importance nationale.
Toute exploitation du sol du Mormont serait interdite, à l’exception d’une activité agricole ou sylvicole respectueuse de l’environnement et de la nature. Le texte veut aussi que l’Etat et les communes favorisent l’utilisation de matériaux de construction respectueux de l’environnement et «privilégient eux-mêmes de tels matériaux en lieu et place du béton».
Une alternative durable et locale
«Le POP vaudois soutient l’initiative « Sauvons le Mormont » car elle est emblématique d’une réponse locale à une problématique globale. Préserver la biodiversité et le paysage du Mormont, chez nous, et s’opposer à l’arrogance d’une multinationale irresponsable, grosse pollueuse de par le monde, au mépris de la santé des populations, comme au Nigéria. L’initiative cherche aussi à favoriser les alternatives durables et locales au « tout béton »», a expliqué le conseiller communal, Bernard Borel.
«La ZAD a récemment remis le sujet à l’ordre du jour médiatique et il s’agit donc maintenant de ne plus tergiverser et d’acter définitivement la protection de ce trésor et d’engager la sortie des matériaux de construction défigurant notre paysage, à l’heure du déclin de la biodiversité, la préservation de notre paysage et de notre biodiversité», a renchéri Rebecca Joly, écologiste et présidente du comité d’initiative.
«Bien que l’unité de matière ne permette pas à l’initiative d’aborder plus radicalement et largement la thématique du béton (fonds de reconversion professionnelle, obligation d’utiliser d’autres matériaux, notamment), décroissance alternatives soutient l’initiative. Elle prolonge la lutte très concrète des milieux activistes pour protéger la colline du Mormont et remettre en question les modes de construction dominants. Nous estimons que si ce n’est pas un pas de géant, c’est néanmoins un pas nécessaire que nous nous réjouissons de soutenir et porter», a renchéri Tiago Branquino de décroissance alternatives.
Reconversion professionnelle
Les initiants n’oublient pas les employé.es de la cimenterie et prévoient de leur assurer une reconversion professionnelle. «Des solutions existent et le Parlement vaudois a notamment, récemment accepté un postulat demandant l’introduction d’un Revenu de Transition Ecologique (RTE), outil développé par la chercheuse Sophie Swaton de l’institut de géographie et de durabilité de l’Université de Lausanne, et représentant à la fois un revenu assuré aux travailleurs et travailleuses qui œuvrent à la transition vers une économie durable dans des projets très divers, mais aussi une aide économique pour une reconversion d’une économie polluante à une économie durable en aidant directement les projets de transition écologique», ont-ils plaidé. Les initiant.es ont désormais jusqu’au 16 mai pour récolter les 12’000 signatures valables nécessaires à l’aboutissement de leur texte.