D’emblée, l’auteur plante le décor en affirmant que les sociétés ont tendance à devenir plus égalitaire au fil des siècles, quand bien même il subsiste de nombreuses inégalités et qu’il faut continuer le combat vers plus de justice économique et sociale.
En effet, la santé, l’éducation et surtout l’espérance de vie ont progressé à des niveaux jamais atteints, même si les différences sont encore énormes entre les pays. Par exemple, le revenu moyen en tant qu’indicateur est en moyenne mondiale d’environ 1000 Euros par mois et par habitant, mais il est surtout de 3000-4000 Euros dans les pays développés et seulement de 100-200 Euros dans les pays les plus pauvres. Par ailleurs, la population mondiale est passée de 600 millions d’habitants dans les années 1700 à plus de 7.5 milliards en 2020, ce qui ne fait qu’une progression d’à peine 0.8% par année, mais qui, si elle continue, nous amènera à une population mondiale stabilisée de 11 milliards à la fin de ce siècle (selon l’ONU, car au rythme actuel, la population mondiale augmente d’environ 800 millions de personnes tous les 10 ans). La plupart de ces nouveaux habitants naîtront dans les pays en développement.
Autre point de comparaison, la propriété privée. Beaucoup plus inégalitaire aux siècles précédents et réajustée au 20e siècle à cause des guerres mondiales, la possession privée a tendance à augmenter depuis les années 1980, depuis que le politique a cédé aux chantres de l’ultra-libéralisme et du capitalisme sauvage. Au début des années 2020, les 10% les plus riches détiennent plus de 55% de tout ce qu’il y a à posséder en France (et les 1% les plus riches près de 25%), alors que les 50% les plus pauvres ne possèdent presque rien (à peine 5% du total).
Dans les autres chapitres, l’auteur explore d’autres sujets aux origines des inégalités, comme l’esclavage et le colonialisme, les réparations (abolitions et compensations) pour l’octroi du travail forcé. Il aborde également le développement de l’état social au travers des nombreuses avancées principalement au 20e siècle (éducation, santé, travail, retraite) sans pour autant faire l’impasse sur la libéralisation des économies, les aides internationales ou l’écologie pour se donner bonne conscience.Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS, professeur à l’école d’économie de Paris et codirecteur du Laboratoire de recherche sur les inégalités mondiales.
Une brève histoire de l’égalité, Ed. Seuil, août 2021, 350 pages