Il y a fort à parier que la question climatique, du fait des changements de température et déréglementations globales continuera à hanter nos jours. Du fait de la conjonction de ces fléaux pandémiques, climatiques et économiques, l’ONU estimait le 2 décembre que près de 280 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire l’année prochaine, soit une personne sur 29 dans le monde.
Comment ça va mal?
«Jamais le nombre de personnes ayant besoin d’aide n’a été aussi élevé», a souligné au cours d’un point de presse à Genève, Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des affaires humanitaires. La question de la levée des droits sur les brevets intellectuelles des vaccins pour permettre la vaccination de tous restera prégnante lors des discussions sur le sujet à l’OMC en mars, mais qu’attendre, en matière de protection du climat, d’une prochaine COP 27 en fin d’année en Egypte, après l’insuccès de celle de Glasgow?
L’altermondialisme en plein reflux, le Forum social mondial (FSM) prévoyant «d’attirer les nouveaux mouvements sociaux qui jouent un rôle central dans la lutte contre le modèle capitaliste, notamment les mouvements de jeunes mobilisés dans la lutte contre les changements climatiques», sera-t-il à la hauteur des défis lors de sa réunion de mai au Mexique? Pour l’heure, la confirmation définitive du rendez-vous mondial se fait encore attendre.
Portugal, en arrière toute?
Ces échéances mondiales n’éclipseront pas certains enjeux nationaux. A commencer par plusieurs scrutins dans différents pays européens. Le 30 janvier, les Portugais.es seront appelé.es aux urnes pour des élections législatives anticipées, suite à la défection du Bloc de Gauche et du Parti communiste portugais à la politique du premier ministre socialiste, Antonio Costa.
«Si le pays était une voiture, conduite par un PS aux mains libres, seule la marche arrière fonctionnerait! En arrière dans les droits des travailleurs, dans la défense du Service national de santé et des écoles publiques, dans la valorisation des salaires et des pensions, ou dans la garantie du droit au logement», attaque Jeronimo de Sousa, secrétaire général du PCP, alors que l’extrême droite de Chega se profile à 10%, en 3e force du pays.
Macron II?
Le 10 avril se déroulera le premier tour des présidentielles françaises, avant les législatives de juin. Qui sortira des urnes pour remplacer Emmanuel Macron à la tête de l’Etat français? Du fait du morcellement de la droite et de la gauche, la victoire semble promise au sortant, malgré un bilan très faible, qui a vu émerger durant son quinquennat un mouvement de contestation d’ampleur de sa politique sous la forme des Gilets jaunes. Malgré l’appel des jeunes pour une «primaire populaire» à gauche, afin de désigner le ou la candidate à la présidentielle capable de rassembler pour faire gagner l’écologie, la démocratie et la justice sociale, ce dernier camp multiplie les candidatures au risque avéré de n’avoir aucun.e représentant.e au second tour. Ceci alors que la question du pouvoir d’achat sort en première priorité des Français.es. Existerait-il «un pessimisme stratégique des convictions de gauche?», comme se demande le politologue français Gaël Brustier, auteur de Recherche le peuple désespérément. Réponse au printemps.
Colombie en chute libre
Ailleurs dans le monde, des choix clairs guettent quatre importants scrutins. En mars et mai, le peuple colombien est appelé à renouveler son parlement et sa présidence. Le très droitiste Ivan Duque, fils spirituel d’Alvaro Uribe, mis sous pression durant des manifestations en 2019 et 2020, puis contre les inégalités sociales (2021), l’aggravation de la pauvreté dans le pays et les réformes prévues par le gouvernement concernant les politiques de santé et d’éducation, est contesté. Face à son successeur potentiel, Oscar Ivan Zuloaga, la gauche a une carte à jouer, l’Union patriotique présentant dans la course l’économiste Gustavo Petro et le Pôle démocratique, l’avocate Francia Marquez.
Aux Philippines, qui remplacera en mai le président de la République, Rodrigo Duterte, dont la guerre à mort contre la drogue a conduit à près de 7000 exécutions extra-judiciaires de trafiquants? Sa fille pourrait lui succéder. Mais la gauche, réunie dans la coalition patriotique du peuple (Makabayan) soutiendrait l’avocate, militante des droits humains et vice-présidente du pays, Léni Robredo.
Plus tard, en octobre, les élections présidentielles, législatives et sénatoriales au Brésil devraient mettre un terme à la présidence de Jaïr Bolsonaro. Dégagé de toute accusation, le représentant du Parti des travailleurs, Lula da Silva, 76 ans, ancien président de 2003 à 2011, est dans la course avec de fortes chances de remporter la mise.
Aux Etats-Unis, le 8 novembre, auront lieu les élections de mi-mandat, des législatives et sénatoriales. La majorité de 221 sièges des Démocrates sera-t-elle accrue face aux Républicains, tel sera le grand enjeu, où planera l’ombre de Donald Trump. Celui-ci soutiendra les responsables des élections dans plusieurs Etats ayant remis en question le résultat de l’élection de 2020.
Pendant ce temps, en Helvétie…
En Suisse, un an avant les élections fédérales de 2023, les rapports de force entre partis pourront s’analyser au fil des votations. Et ce dès le 13 février, quand le peuple s’exprimera sur quatre sujets. Ainsi le référendum sur la suppression des droits de timbre. Unanimes, la gauche et les Vert.es s’opposent à ce nouveau cadeau fiscal aux plus fortuné.es, soutenu par l’ensemble de la droite. Durant l’année, le peuple pourrait aussi se prononcer sur l’initiative d’allègement des primes, qui exige qu’un maximum de 10% du revenu soit consacré aux primes d’assurance-maladie.
En matière climatique, l’importante initiative «Pour un climat sain» – initiative sur les glaciers demandant de sortir des énergies fossiles au plus tard en 2050 – pourrait aussi être une votation clivante. Tout comme l’initiative «Contre le bétonnage de notre paysage», qui veut mettre un terme au «bétonnage croissant de nos terres cultivées et pose des limites claires au boom de la construction hors zones à bâtir». Soutenue par l’ATE, Pro Natura ou l’Initiative des Alpes, elle entend lutter contre le mitage hors des zones à bâtir et la prolifération du construit.
Renouvellement cantonal
D’importantes élections auront lieu dans le Canton de Vaud. Depuis vingt ans, la majorité du Conseil d’Etat est à gauche, les partis au pouvoir veulent bétonner le statu quo. Mais la gauche combative entend chambouler la donne, le POP présentant le 20 mars deux candidat.es, avec les député.es Céline Misiégo et Vincent Keller, alors qu’Ensemble à Gauche en lance cinq.Sera-t-il possible de renverser la majorité de droite au Grand Conseil? 150 député.es sont à élire.
Pas d’élections dans les cantons de Genève, Neuchâtel et Valais, mais des élections communales dans le Jura en octobre. Avant cette échéance, les Jurassiens auront l’occasion de se prononcer en février sur une initiative populaire cantonale «Partis politique: place à la transparence!», combattue par un contre-projet du Parlement.