Plusieurs activistes climatiques font actuellement face à des procès. Ils optent pour une stratégie de recours systématiques face aux condamnations. Les frais de justice s’accumulent donc en conséquence. Par exemple, les ex-occupants de la colline du Mormont ont ainsi annoncé avoir besoin de récolter 300’000 francs pour payer leurs amendes et frais.
Les actions en justice, qui ont occasionné ces frais, découlent des actions de désobéissance civile menées par ces militants. Ce concept est au cœur de leurs pratiques et est même enseigné par Extinction Rebellion. Mais d’où vient-il? Aujourd’hui on l’associe à des actions telles que les occupations ou les blocages de routes, mais il est né en 1849 sous la plume du philosophe Henry David Thoreau. Ce dernier est aussi connu pour prôner le retrait et l’isolement individuel hors de la société, la «révolte solitaire» comme il le dit dans son livre Walden, ou la vie dans les bois.
Voici ce que dit Thoreau pour introduire le concept de désobéissance civile: «J’accepte de tout cœur le slogan: le meilleur gouvernement, est celui qui gouverne le moins. Je souhaite qu’il soit mis le plus rapidement en pratique. Accompli, il aboutit à cela: le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout, ce en quoi je crois aussi». S’ensuit une glorification de la résistance individuelle face aux pouvoirs publics, dans une veine libertarienne niant l’idée du collectif.
Le refus de se plier aux lois lorsqu’elles sont injustes est certainement valable, mais à condition qu’il soit porté par des organisations structurées et solides. On peut, par exemple, citer le cas des grèves lorsqu’elles sont portées par des syndicats qui alimentent des caisses de grève au préalable, condition essentielle pour ne pas se trouver pris au dépourvu comme les militants écologistes aujourd’hui. Mais lorsqu’elle nie la politique collective, la désobéissance civile tend à se rapprocher des phantasmes libertariens d’un Elon Musk.
La stratégie de la désobéissance civile groupusculaire et inorganisée se heurte ainsi aujourd’hui au mur des institutions suisses. L’histoire montre que pour changer ces dernières, seul le renforcement de mouvements politiques organisés s’avère efficace.