Si les enjeux politiques et sanitaires sont bien évidemment majeurs, les premiers sondages ne laissent quant à eux que peu de doutes sur l’issue positive du scrutin, qui devrait fortement ressembler à celle de la première votation. Mais là n’est pas la question. L’union sacrée que l’on a pu voir se dessiner au printemps 2020 n’a pas fait long feu. La crise sanitaire n’en finit plus de diviser, et la liste des sujets est longue: vaccination, pass, tests, masques, restaurants…
Selon un sondage SSR publié cet été, une majorité de la population a vécu au moins un conflit lié à ces thématiques, plus d’un quart a même rompu tout contact avec une ou plusieurs personnes de son entourage.
Au sein d’un parti
Si le débat a bien entendu toute sa place au sein du POP, n’oublions pas que ce qui fait la force d’un parti est sa capacité à rassembler autour d’idées partagées et de buts communs. Cette crise passera, et nous ne devons pas en ressortir divisés, affaiblis, mais mieux armés pour affronter celles qui suivront, inexorablement. Il s’agit donc de ne pas perdre de vue nos idéaux, d’y adhérer ensemble et d’accepter qu’il y ait des divergences sur les moyens qui nous permettront de les atteindre. Comme pour tous les sujets sur lesquels nous sommes amenés à nous prononcer en tant que parti, mais à propos desquels les sensibilités personnelles peuvent être diverses, les outils démocratiques au sein du parti doivent permettre de trouver la solution la plus rassembleuse.
Il y a à peine un mois, la population neuchâteloise se prononçait sur la Loi sur la reconnaissance d’intérêt public des communautés religieuses, visant à permettre une reconnaissance par l’Etat de toutes les religions qui en feraient la demande et qui répondraient aux critères établis. La dynamique des débats internes au parti était alors déjà complexe. Si le but commun est un Etat laïc, doit-on reconnaître toutes les religions? N’en reconnaître aucune? Cette loi est-elle une solution transitoire efficace ou contre- productive? Ses mécanismes sont-ils une avancée ou un recul de la situation? Quelle consigne de vote donner? Comment communiquer clairement autour d’un «non» laïc face à un «non» conservateur, voire islamophobe?
Crise sanitaire et capitaliste
Le rôle que nous pouvons jouer dans cette crise semble relativement clair: tout d’abord lutter contre l’exacerbation des inégalités et ensuite s’assurer que la société soit mieux préparée aux défis qui l’attendent. Comme l’écrivait Jean Ziegler dans l’édition du 3 septembre du journal Services publics, «Rarement l’essence du capitalisme aura été dévoilée aussi clairement que lors de cette pandémie.» Dix pays ont utilisé 80% des doses de vaccins disponibles tandis que d’autres n’ont qu’une dose disponible pour cent habitants. L’économie mondiale plonge, pendant que Moderna et Pfizer tablent sur des bénéfices respectifs de 19 et 33 milliards: mutualisation des pertes, privatisation des profits.
Inégalités
A l’échelle nationale, la crise creuse aussi les inégalités. Selon une étude du Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ publiée cet hiver, les foyers dont le revenu mensuel est inférieur à 4000 francs accusent une baisse moyenne de celui-ci de 20%, contre 8% seulement pour les foyers dont le revenu est supérieur à 16’000 francs. Il en est de même pour l’épargne: en augmentation au sein des ménages les plus aisés, elle a «considérablement diminué chez les ménages à faibles revenus.»
L’impact n’est en outre pas uniquement économique puisque la crise a fortement péjoré le niveau de confiance de la population dans le système politique et ses acteurs, une population majoritaire- ment abstentionniste qu’il s’agira de remobiliser pour élaborer et soutenir les solutions que nous défendrons.
Garder le cap
Dans les mois et les années à venir, les occasions ne manqueront pas pour lutter contre les travers délétères mis en exergue durant cette période de pandémie, mais également pour nous battre afin de conserver et développer tous les outils qui soutiennent notre société. Dans le domaine de la santé, les écueils ne manquent pas. Le maintien de deux hôpitaux dans le canton de Neuchâtel, remis en cause en 2017, est, en plus de tous les avantages mis en avant par ses défenseurs, un atout considérable en temps de pandémie. La rigueur budgétaire n’est alors d’aucune aide lorsqu’il faut raisonner en termes de fatigue du personnel, d’accès aux blocs opératoires et aux lits de soins intensifs ou encore lorsqu’il faut créer un service isolé pour gérer les malades. Le 28 novembre, nous voterons ainsi pour rappeler l’importance fondamentale d’un système de santé public bien financé et d’un personnel bien formé et valorisé avec l’initiative «Pour des soins infirmiers forts». C’est sûrement ce «oui» le plus important.