Sur la base d’un salaire horaire de 22 francs (soit 3696 francs par mois pour 42 heures par semaine), avec des exceptions dans l’agriculture, le POP Valais lançait sa campagne pour l’instauration d’un salaire minimum dans le canton. Sept ans après qu’une première tentative de la Gauche valaisanne alternative (GVA) a échoué dans les urnes. Pour Adrien D’Errico (membre du comité directeur du parti et conseiller général de la ville de Monthey), la démarche est évidente et ce pour plusieurs raisons. Elle doit permettre de lutter de front contre la pauvreté et la problématique des working poor. «En contraignant les employeurs à une répartition plus équitable des richesses, l’introduction d’un salaire minimum tendrait également à une plus grande réinjection de l’argent dans le circuit économique au détriment d’une capitalisation de celui-ci. En effet, il est avéré que les premiers francs qui restent à disposition d’un individu après déduction de ses dépenses courantes, quel que soit son statut social, sont davantage susceptibles d’être utilisés directement dans le circuit économique court et local qui se verrait renforcé et dynamisé», assure le jeune militant. Il estime aussi que cette mesure permettrait d’empêcher la concurrence déloyale entre entreprises, en évitant le dumping salarial de certaines boîtes, et en protégeant le tissu économique valaisan.
Outre ces bénéfices, le salaire minimum contribuerait à renforcer l’égalité salariale entre femmes et hommes, favoriserait des retraites dignes par une plus ample cotisation aux assurances sociales. Il permettrait aussi que «le capitalisme ne soit pas sponsorisé par la société civile». «Les personnes à bas revenus sont bien souvent au bénéfice de prestations dites “sous condition de ressources” qui visent à garantir leur survie. Or, ces prestations sont puisées dans les recettes fiscales, ce qui les met à la charge du contribuable», appuie Adrien D’Errico.
Le dispositif va-t-il tirer les salaires vers le bas? «L’un des trois nouveaux Prix Nobel d’économie, l’Américano-Canadien David Card, a mis en exergue le fait que l’augmentation du salaire minimum n’entraîne pas nécessairement une diminution du nombre d’emplois», souligne-t-il. «L’introduction d’un salaire minimum légal donne en effet du poids aux travailleurs et les met davantage en position de force dans les négociations salariales, ce qui tend à tirer les salaires vers le haut», précise-t-il.
Appel aux autres forces
A l’occasion de sa conférence de presse à Sion, le POP Valais, par l’entremise de notre collaborateur Jean-Marie Meilland, membre du comité directeur du parti et cofondateur de la GVA, a lancé un appel à toutes les organisations, syndicats, partis et leurs jeunesses défendant les salarié.es et aussi…aux patrons de bonne volonté. «Nous voulons rassembler le plus de partenaires possible pour que, cette fois, et comme dans les cantons de Neuchâtel (depuis 2017), du Jura (2017), de Genève (2020), du Tessin (2021) et de Bâle-Ville (2021), les salarié.es valaisan.nes puissent bénéficier d’un salaire minimum», a-t-il argumenté.
Pour sa part, le président du POP Valais, Frédéric Nouchy, s’est félicité de la renaissance du parti depuis deux ans, annonçant la création de quatre sections régionales, dont une dans le Haut-Valais.«La politique cantonale ne doit plus être réservée seulement à une élite sociale, elle doit être plus représentative des classes sociales afin de mieux défendre les intérêts de celles et ceux qui à l’aide de leurs mains, de leurs têtes et de leurs cœurs produisent jour après jour toutes les richesses de notre canton!», a-t-il insisté, prévoyant la présentation d’une liste pour les fédérales de 2023.