Les livreurs de repas bientôt sur la bonne piste?

Il faut le dire • Dans un secteur, qui tient bien souvent de la jungle, l'autorité de régulation estime que les services coursiers font partie du marché postal, indépendamment du contenu de la livraison.

Cette semaine, la commission fédérale de la poste (PostCom), saisie par le syndicat Syndicom, a rendu une décision importante en ce qui concerne la livraison de repas. Dans un secteur, qui tient bien souvent de la jungle, cette autorité de régulation estime que les services coursiers font partie du marché postal, indépendamment du contenu de la livraison. Et qu’une boîte comme Eat.ch est une entreprise de transport qui achemine des objets d’un point A à un point B et doit se conformer à la loi sur la poste. En conséquence, la société doit entamer rapidement des négociations sur une CCT pour régler les conditions d’embauche des conducteurs et conductrices. «Les autres grands acteurs du secteur comme Uber Eats, Smood (tous deux déjà informés nominalement) ou Just Eat sont aussi concernés par cette décision», précise Michel Guillot, secrétaire régionale de Syndicom. Uber Etats et maintenant Eat.ch ont recouru devant le Tribunal fédéral administratif pour récuser cette décision.

Rappelons qu’une CCT des coursiers à vélo et services coursiers urbains, ratifiée par 19 entreprises, existe dans le secteur de la livraison depuis 2019, avant que ne débarquent les géants de la livraison «food». Les points centraux réglés par la CCT sont, par exemple, les frais ou la durée minimale d’intervention, qui empêchent que les coursières et coursiers puissent être employés sur une base calculée à la minute. «A terme, notre objectif est de déclarer cette CCT de force obligatoire. Elle s’appliquerait donc à tous. Les sociétés de livraisons de repas feraient mieux de négocier avec nous», explique Michel Guillot.

Celui-ci rappelle que la CCT inclut aussi des salaires minimaux. L’objectif serait d’obtenir un salaire de 23 francs de l’heure tout comme le montant minimum horaire à Genève.Ces montants pousseront-ils certaines enseignes à abandonner le secteur? Michel Guillot n’y croit pas. «Partout sur la planète, Uber Eats subit la contestation des syndicats, mais la société n’a quitté aucun marché. Elle fera seulement une marge de bénéfice moindre», analyse ce spécialiste de la logistique. «La concurrence doit se faire sur la qualité de la prestation et non plus sur le dumping salarial», conclut-il.