La Suisse continue de gagner des millions grâce aux armes

Suis • «Derrière l’image cultivée de la Suisse neutre, se cache un pays qui gagne sans scrupule des millions grâce aux violations des droits humains commises par des gouvernements», résume Pauline Schneider, co-secrétaire GSsA.

En septembre dernier, les deux chambres s’étaient enfin mises d’accord pour interdire l’exportation d’armes suisses vers les pays en guerre civile dans le cadre d’un contre-projet à l’initiative dite correctrice de la gauche (finalement retirée), après d’âpres passes d’armes sur le texte (voir GH, n°37). Ce frein n’empêche pas toutes les exportations. Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) dénonce ce commerce de mort, tirant à vue sur les 530 millions de matériel déjà exporté en 2021, soit plus que sur l’ensemble des années 2016, 2017 et 2018. «Il est particulièrement choquant de constater que des armes d’une valeur de plus de 30 millions de francs ont déjà été exportées vers l’Arabie saoudite, un pays qui pratique les châtiments corporels et les exécutions publiques et qui est également fortement impliqué dans la guerre du Yémen», relève l’association

Par rapport à l’année dernière, les exportations ont été multipliées par dix. «Les affaires lucratives avec les Emirats arabes unis se poursuivent également. Au cours des trois derniers trimestres, par exemple, du matériel de guerre d’une valeur de cinq millions de francs a déjà été exporté vers le pays. Comme l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis sont également impliqués dans la guerre du Yémen. Jamais auparavant autant d’armes n’avaient été vendues à la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite», dénonce le GSsA. La Suisse a fait également des bonnes affaires avec l’Etat turc pour un montant de plus de 2,5 millions de francs suisses. «Cela contribue ainsi à financer la guerre contre la population kurde et d’autres minorités ethniques. En particulier, la Turquie agit sans scrupule contre la région autonome de Rojava au Kurdistan du Nord, qui est organisée selon les idées de l’écologie sociale, et commencé une nouvelle offensive militaire début octobre», souligne-t-elle.

«Derrière l’image cultivée de la Suisse neutre, se cache un pays qui gagne sans scrupule des millions grâce aux violations des droits humains commises par des gouvernements», résume Pauline Schneider, co-secrétaire GSsA. «Au lieu de continuer à faire des profits sur la guerre et la souffrance, la Suisse doit faire face aux problèmes d’aujourd’hui et utiliser tous les moyens pour lutter contre les crises de Corona et du climat», ajoute-t-elle.