Depuis 2 ans, l’ONU préparait la Conférence sur les systèmes alimentaires mondiaux, comme une réponse à la crise alimentaire mondiale. Cela devait donner un coup d’accélérateur aux actions permettant d’atteindre l’objectif X du développement durable tel que défini dans l’agenda onusien.
Finalement, elle s’est tenue en marge de l’Assemblée générale, le 23 septembre, et n’a pas eu l’écho espéré. Cela aurait dû être l’équivalent de la COP 21 avec un focus sur la production alimentaire. Il faut dire que dès 2019, le ton était donné au vu de la place prépondérante occupée par les multinationales de l’agrobusiness, qui allait de pair avec la présence du Forum économique mondial comme co-organisateur.
Plusieurs ONG et le mouvement Via Campesina regroupant plus de 200 millions de petits paysans n’ont cessé de dénoncer le peu de cas qui était fait des droits humains. Ils ont souligné le paradoxe que, un peu partout, ceux qui cultivent la terre sont aussi les plus pauvres. Et dénoncé l’option prise de «2e révolution verte», donc d’une agriculture mécanisée et de grandes monocultures, utilisant notamment des produits agrochimiques sans retenue.
La présidente de ce sommet n’était autre que Mme Kalibata qui dirige l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, promue par la Fondation Bill Gates. Et dont les actions sur le continent africain ont été des échecs reconnus en matière de développement durable.
La fronde est même venue de l’intérieur du système onusien, entre autres par la bouche du rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, Michael Fakhri. Il rappelait en août 2021 la coresponsabilité des multinationales dans l’augmentation de la malnutrition (y compris la «malbouffe») mais aussi sur la perte de biodiversité et du réchauffement climatique. Il affirmait que les petits paysans avec l’agroécologie pratiquée représentaient un modèle probablement plus efficace pour endiguer la faim dans le monde.
Le fait que le sommet ait été un fiasco est déjà une demi-victoire, gagnée par les mouvements sociaux, avec heureusement l’appui de nombreux scientifiques. Peu de politiques se sont vantés d’y avoir assisté.
Mais tout reste à faire et le lobby de l’agrochimie avec son arrogance habituelle est encore très écouté au sein de l’ONU… comme auprès d’une majorité de nos politiciens locaux hélas!