Nous étions 120’000 dans la rue lundi dernier pour, une fois de plus, demander l’égalité envers les femmes que nous sommes. Depuis 2019, notre situation s’est aggravée: baisses de salaire, conditions de travail plus rudes, pertes d’emploi, augmentation de l’âge de la retraite et des violences domestiques font partie des lourdes conséquences. Ceci n’est plus à prouver: comme tant de groupes précarisés, nous faisons partie des premières victimes des dérives capitalistes, particulièrement violentes en ce moment.
Définition du viol controversée
Sous couvert d’autres priorités médiatiques, de nombreuses mesures ont passé la rampe au Parlement et au Gouvernement, évitant ainsi un débat médiatique qui aurait été bien plus virulent en temps normal. La révision du droit pénal relatif aux infractions sexuelles en fait partie. Ce projet présenté par le Conseil des Etats étend la définition du viol ainsi que la protection des personnes majeures. Il crée la disposition d’atteinte sexuelle, concernant les «adultes non-consentants qui subissent un acte sexuel sans recours à la force».
C’est notamment cette dernière mesure qui dérange, et à raison: elle permettrait de juger une violence sexuelle comme un simple délit, et non comme un crime passable de 10 ans de prison. Avec une telle révision, il serait possible de s’en sortir avec une peine bien plus légère, soit 3 ans maximum. Elle diminue donc énormément la gravité des actes sexuels non consentis.
Le consentement porté disparu
De plus, un élément fondamental est complètement absent du projet: la notion de consentement. Celle-ci fait pourtant partie des normes internationales comme celles de la Convention d’Istanbul, ratifiée par la Suisse en 2017, où la définition du viol est basée sur l’absence de consentement. C’est ainsi toute la gauche, les Verts-libéraux et le Centre qui rejettent le projet de loi. Le PS et la Grève féministe ont lancé des campagnes afin de soutenir l’introduction du consentement dans la loi: «Seul un oui est un oui» (PS) et «Pas sans mon consentement» (Grève féministe romande).
Visibiliser un tabou
Cette dernière campagne réalise des portraits de personnes actives en politique, artistes et anonymes qui soutiennent cette vision. Elle met également en avant des témoignages de personnes agressées sexuellement, afin de visibiliser ce problème qui reste tabou dans notre société. En tant que popistes et jeunes popistes neuchâtelois, nous nous sommes prêtés à l’exercice afin de montrer notre soutien à cette cause fondamentale, sur laquelle la Suisse est, comme souvent, en retard.
Nous voyons souvent les partis de droite (et pas seulement!) prétendre qu’ils font leur part dans la lutte pour l’égalité et la cause des femmes, notamment sur les réseaux sociaux ou dans leurs programmes électoraux, et parfois même dans les manifestations. Mais lorsque les occasions de concrétiser cet engagement se présentent, ce «soutien» n’existe plus. N’oublions pas qui a voté pour ce projet de loi. N’oublions pas qui a voté pour l’augmentation de l’âge de nos retraites. Souvenons-nous en aux prochaines élections et surtout, souvenons de celles et ceux qui luttent, concrètement et depuis toujours, pour des mesures réellement sociales et leur maintien.