Alors que nous préparions un déplacement en France, une connaissance nous fait part d’une embûche. «Tu n’es pas au courant? Il te faut un test PCR et pour voyager et il coûte une fortune», nous informe-t-elle, expliquant avoir dû renoncer, faute de moyens, à partir voir une amie dans «le sud». Une autre nous confie, elle aussi et pour les mêmes raisons, avoir laissé tomber son idée d’un petit séjour dans un camping en France, histoire de s’aérer après des mois de semi-confinement. Un dernier nous confie avoir «dû» gruger en se procurant un faux test sur le «marché noir» pour se rendre au Portugal.
En effet, comme nous l’a confirmé par téléphone le Ministère de la santé français, à peu d’exceptions professionnelles prêts (1), tout.e résident.e Suisse se doit pour entrer au pays de Voltaire de montrer pattes blanches par un test PCR négatif de moins de 72 heures, et ce quel que soit son moyen de locomotion. Jusque-là rien d’étonnant dans le contexte sanitaire actuel.
Nous nous prenons donc contact avec les Hôpitaux universitaires de Genève pour estimer le prix de notre voyage, test inclus. En l’absence de demande du médecin cantonal ou de symptômes du Covid, la facture se révèle bel et bien salée. En effet, lorsque le test est réalisé en vue d’un voyage son prix imposé par la Confédération oscille entre 158 francs et 30 centimes et 176.30.-, en fonction du nombre de test réalisé par semaine.
Un ajout qui se révèle plus que conséquent sur le budget de voyage des moins fortunés, en particulier celui des familles précaires, pour qui il est carrément prohibitif. Comme à leur habitude, les plus aisé.es pourront se payer ce qui convient désormais d’appeler un luxe. Une inégalité de traitement particulièrement amère pour celles et ceux qui ont des proches à l’étranger qu’ils et elles n’ont pas pu voir parfois pendant des mois. Précisons que l’exigence d’un test PCR est, comme pour la France, soulignée par les autorités allemandes, autrichiennes et italiennes.
Alors que le peuple se prononcera le 13 juin prochain sur les bases légales d’un «pass sanitaire», au sein de la loi Covid- 19 et donc aux côtés de la prolongation des aides économiques, il n’aura pas à se préoccuper d’instaurer une société à deux vitesses en la matière, puisqu’elle est déjà là.
1 Les personnes résidentes des zones frontalières sont autorisées à parcourir 30 kilomètres à partir de leur domicile en territoire français sans avoir à présenter de test.