Malgré les restrictions liées à la pandémie et le mauvais temps, des actions et manifestations se sont déroulées dans différentes villes suisses le vendredi 21 mai, réunissant au moins 30’000 personnes. C’est un vrai succès, surtout que les autorités se sont montrées beaucoup moins ouvertes qu’en 2019. A Genève, la Conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta s’est fendue d’une analyse étriquée du droit de grève. Et les élèves n’ont pas eu congé cette fois pour aller manifester, en tous les cas dans les cantons romands. Et dans ma ville d’Aigle, il faudra trois échanges de mails pour que le syndic autorise une manifestation de quelque quinze amis de XR devant la gare.
Bravo donc, car cela nous rappelle plusieurs réalités. L’urgence climatique est toujours aussi vraie, la biodiversité ne s’est pas vraiment améliorée en 2020, malgré l’illusion perçue pendant le premier confinement. Et le combat pour la justice sociale est encore plus criant. Beaucoup ressortent sonnés de ces longs mois d’incertitude, tandis que les milliardaires à la tête des multinationales se sont enrichis. Les transports motorisés individuels, eux, se sont renforcés.
C’était l’occasion de rappeler que la justice climatique n’allait pas sans justice sociale. Que même si le combat va être rude, on ne peut pas se contenter d’aller au pas lent de la politique institutionnelle. Cette présence dans la rue est nécessaire pour nous pousser à rappeler autant qu’on peut et à chaque fois que l’occasion se présente que «le changement, c’est maintenant».
C’est peut-être d’autant plus important que le discours dominant est celui de la lassitude des restrictions liées à la crise Covid. On veut tourner la page, se vacciner rapidement et revivre comme avant: partir en vacances au bord de la mer, et pourquoi pas en avion; consommer «as usual»… et faire repartir la croissance.
La Grève pour l’avenir nous rappelle qu’il faut inventer une autre manière de vivre, mettre les priorités ailleurs, «consommer» différemment. A ce sujet, c’est bien à cela que nous invitent les initiatives «Pour une eau propre» et «Pour une Suisse sans pesticides de synthèse»: deux oui le 13 juin seraient un vrai signal pour un changement.
Cela poserait un cadre plus favorable afin que nos luttes pour un autre monde possible se réalisent: une vraie sécurité alimentaire construite avec nos amis paysans, une solidarité sociale renforcée, une augmentation du bien commun comme les transports publics gratuits, une arborisation planifiée des espaces urbains pour lutter contre les îlots de chaleur… «Y a encore de quoi faire!»