Il ne restait que 6 candidats pour 5 places avec comme enjeu principal d’avoir une majorité de droite ou de gauche. Il y a encore quelques semaines, il semblait largement acquis que la question principale était de savoir qui des trois socialistes (Florence Nater, Laurent Kurth et Frédéric Mairy) allaient finir devant pour accompagner le Vert Roby Tschopp et les deux PLR sortants (Laurent Favre et Alain Ribaux). L’inquiétude touchait également quant à la représentation des femmes au Conseil d’État. Les résultats au premier tour ont chamboulé tous les pronostics et ceux de dimanche ont confirmé la tendance. Il y aura deux femmes au Conseil d’État avec Florence Nater et la tornade Crystel Graf et une majorité PLR au moment même où les crises sociales, économiques et environnementales demandent une politique de relance juste et équitable. Inquiétant donc.
Un entre-deux tours très disputé dans l’indifférence générale
Cette élection s’est déroulée dans un relatif désintérêt avec une participation d’à peine 30% malgré une campagne pour le second tour très âpre, émaillée de controverses et de coups bas qui n’ont certainement pas grandi la politique institutionnelle. La première a touché la néolibérale assumée Crystel Graf jugée antiféministe. Ensuite, le lancement du référendum contre la H18 (projet de contournement routier de La Chaux-de-Fonds, ndlr) par SolidaritéS et quelques Verts qui a plombé la fin de campagne d’un Roby Tschopp bien emprunté sur ces questions. Le PLR a directement saisi l’opportunité pour distribuer dans les boîtes aux lettres un tract mensonger et racoleur pour descendre le candidat Vert. Et que dire du soutien des Verts libéraux à la candidature de Roby Tschopp immédiatement contrecarré par une prise de position publique largement diffusée, opposée et pro-libérale d’un ancien cadre du parti qui a semé le doute dans un électorat vert libéral qui n’a probablement pas suivi les mots d’ordre du parti. La politique et la population auraient mérité mieux que ce spectacle pathétique.
La majoritaire en question
Désormais, nous nous retrouvons dans une configuration pour le moins ambiguë, très intéressante politiquement, mais qui risque de mener à des blocages incessants. Le PLR est majoritaire à l’exécutif, mais ne possède que 30% au législatif. La gauche, possédant 48% des sièges au parlement, est dans la position de pouvoir bloquer tous les projets d’envergure du Conseil d’État. Le groupe VertsPOP a 27 député.e.s, soit la 2e force du parlement et n’aura aucun représentant à l’exécutif. Le PS et le PLR n’auront plus la majorité qualifiée forçant à élargir les discussions à d’autres forces, ce qui amènera un souffle nouveau que nous espérons salutaire. Par contre, ces deux partis conservent leur suprématie sans partage à l’exécutif. Le moment de passer à une élection à la proportionnelle pour représenter mieux les sensibilités politiques et éviter des blocages? Le POP a déjà annoncé qu’il allait faire des propositions allant dans ce sens.