Depuis un an, un fantôme hante les syndicats genevois. En 2020, était créé Avenir Syndical, qui, à force de mobilisations notamment dans le secteur public et hospitalier ou auprès de Swissport, a engrangé un nombre conséquent de membres. Là où le bât blesse pour la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), c’est que cette montée en puissance serait le fait d’un «siphonnage des membres d’autres syndicats à coups de cotisations low cost». Plus grave encore, un des piliers syndicaux d’Avenir syndical serait un ancien syndicaliste (évoqué dans la presse sous un prénom fictif, Roger), passé par plusieurs syndicats et accusé d’avoir eu des comportements sexistes et harceleurs.
Toute accusation que conteste la nouvelle formation: «Nous ne sommes pas les antiféministes que certains s’efforcent à dépeindre. Près de 60% de nos membres sont des femmes. Nous ne nous sommes pas constitué.e.x.s en association pour défendre un harceleur sexuel. A notre connaissance, il n’y en a pas dans nos rangs. En revanche nous sommes convaincu.e.x. s que les rapports de travail doivent être basés sur l’équité salariale et sociale, dont l’égalité entre femmes et hommes est un principe fondamental», écrit-elle dans un communiqué.
Fin des luttes en commun
Réunie en assemblée extraordinaire, la (CGAS) a finalement pris position sur le sujet cette semaine. Estimant qu’«Avenir syndical, ses militant.e.s fondateurs.trices ont fait un choix, celui de la rupture objective avec les principes de l’égalité entre hommes et femmes défendus par la CGAS. Celui de la minimisation des violences sexistes et du mépris des victimes», la faîtière estime que la collaboration avec le nouveau syndicat « ne peut être ni inconditionnelle, ni promue comme elle peut l’être entre les autres syndicats au nom de la liberté et de l’unité syndicale».
«La collaboration avec Avenir syndical ne sera éventuellement possible que lorsque ce syndicat se sera distancé des actes de son secrétaire syndical, lorsqu’il donnera la garantie qu’il ne tolère pas les violences sexistes au sein du mouvement syndical, et qu’il se sera rallié au contenu de la résolution de la CGAS, A propos des violences sexistes dans le milieu syndical». Dans l’intervalle, la faîtière a invité ses composantes, mais aussi les partis politiques et les mouvements sociaux à éviter «de co-signer ou de soutenir des appels d’Avenir syndical, de participer à des séances intersyndicales ou unitaires avec lui ou même de mener des luttes en commun».