Il y a un an, anticipant que la pandémie s’accompagnerait d’une crise économique, notre parti lançait un projet de taxe corona sur les hauts revenus pour protéger nos emplois. A travers une pétition et des motions déposées au Conseil National et dans les cantons de Vaud et du Jura, cette idée a connu un certain écho. Si le Grand Conseil vaudois a balayé notre motion (celle au Conseil national est toujours en attente), la crise économique est, quant à elle, bien arrivée et les réactions se multiplient. Dans une certaine indifférence, le plus grand plan de relance de l’histoire (1900 milliards de dollars) a été annoncé par les États-Unis, ce qui va faire plonger le déficit du pays à 18% du PIB, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Sourds aux propositions de taxes sur les grandes fortunes, les gouvernements libéraux vont chercher cet argent dans la dette publique. Cette dernière, démon du libéralisme par temps normal, se mue en sauveur. Mais il n’y a pas de quoi se réjouir, car les libéraux ne manquent jamais, une fois la situation rétablie, d’exiger des mesures d’austérité draconiennes au détriment la classe des travailleurs et au bénéfice de celle des possédants. Ces plans de sauvetage par émission de dette annoncent donc les prochains rounds de la fameuse «lutte des classes» que les riches sont en train de gagner, comme le disait le milliardaire Warren Buffet.
Tel un mauvais père de famille accro aux jeux d’argent et enfoncé dans une spirale d’endettement, le libéralisme répond donc à la crise par la promesse d’une autre crise, plus grosse. Les forces qui proposent des solutions comme celles du POP étant encore trop retreintes, les projets de Taxe Corona sont balayés et cette boucle va se poursuivre.
La crise sanitaire a commencé à révéler cette centralité du travail dans la vie c’est le travail qui soigne, c’est lui qui construit, c’est lui qui divertit, c’est lui qui produit toute richesse. Et c’est sur la classe des travailleurs (et dans sa poche) que la classe politique libérale va taper lorsque ça va mal. C’est pourquoi, l’engagement dans cette lutte pour faire du travail un droit fondamental et un bien public, et de la richesse produite une richesse partagée, que célèbre le Premier mai, a toujours constitué le projet du POP.
La crise sanitaire a vu fleurir nombre d’appels et manifestes citoyens avec des revendications diverses et variées pour ne plus «repartir comme avant». Face à ce qui peut parfois ressembler à une cacophonie, le Premier mai offre un précieux rappel: il existe depuis longtemps un combat pour l’émancipation collective et la construction d’une économie plus écologique et sociale qui nous protégera de telles crises. Il existe une lutte historique qui a su rassembler, aux quatre coins du monde, au-delà de tout critère de genre, d’origine, d’orientation sexuelle ou religieuse. Cette «convergence» de toutes ces luttes et revendications, que nombres de mouvements appellent de leurs vœux, existe depuis longtemps et porte un nom: la lutte des classes.