Récemment le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation a publié La faim et l’insécurité alimentaire. Il rappelle que même avant la pandémie actuelle, la faim dans le monde s’était aggravée depuis 2015, après 15 ans d’amélioration constante. En 2020, la situation a encore empiré, au vu de la perte d’emplois de nombreux travailleurs. Cela touche bien sûr les populations les plus fragiles, en particulier les femmes et les enfants. Le rapport insiste sur le fait qu’offrir une protection sociale est l’un des principaux moyens de garantir à chacun l’accès à l’alimentation. Ce sont bien les RHT, les aides aux petits entrepreneurs et les financements directs des tests et vaccins ainsi que notre assurance-maladie obligatoire qui nous ont préservés d’une crise sociale sévère en Suisse.
Mais il souligne aussi que des mégaprojets d’agrobusiness, d’exploitation minière et d’infrastructures sur les terres ancestrales et agricoles sont une menace pour les moyens de subsistance des populations et leur accès à l’alimentation. Selon ce même document, l’un des problèmes les plus urgents découle de l’économie politique et du système alimentaire actuels. Soit le fait que l’agriculture représente environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Les changements climatiques sont la principale menace pesant sur notre alimentation et son approvisionnement. Nulle solution ne sera véritablement durable si l’on privilégie la science et la technologie, l’argent et les marchés. Sans régler les questions fondamentales d’inégalité, de responsabilité et de gouvernance. L’agroécologie est ainsi vue comme une alternative réelle. Qui s’appuie sur les connaissances ancestrales et reconnues par la FAO. Une des problématiques essentielles est que dans notre système alimentaire mondial un tout petit nombre d’entreprises contrôle 60% du marché mondial des semences. Et 75% du marché mondial des pesticides. Ce qui est un facteur d’insécurité alimentaire prépondérant.
Contrôler les semences, c’est contrôler la vie. Je mets ces propos en regard de ceux d’un texte de la Via Campesina. «Près de 33% des terres arables mondiales de haut rendement agricole ont été perdues à un rythme qui dépasse de loin le rythme des processus naturels de régénération des sols. Le labour intensif des champs, combiné avec l’utilisation massive d’engrais, a dégradé les sols à travers le monde.»
Changer de paradigme et accompagner les paysans dans ce changement! C’est à cela qu’il faudra réfléchir au moment de voter le 13 juin les initiatives «Pour une eau potable propre et une alimentation saine» et «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse».