C’est tès symboliquement dans la cour privée de l’Office cantonal de l’emploi (OCE), que les initiants ont lancé leur initiative «1000 emplois par an». Pour le syndicat Syna, Komia Kpogli a fait le topo de la situation sur le front de l’emploi à Genève. «En janvier 2020, le taux de chômage était de 3,2%. Il est passé en février 2021 à 5,5%, ce qui représente 19’500 chômeurs inscrits. Avec les salariés en temps partiel, en sous-emploi ou non-inscrits, 30’000 personnes sont à la recherche d’un emploi dans le canton», souligne le secrétaire syndical.
Face à cette situation, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), ainsi que le Cartel intersyndical, ont décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant une initiative pour la création d’emplois sociaux et écologiques et en faveur de la réduction du temps de travail. «Le montant minimal alloué à la création d’emplois est fonction du taux de chômage calculé pour le canton par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Il correspond au minimum à 100 millions de francs par an avec pour objectif de créer 1000 emplois supplémentaires chaque fois que le taux de chômage moyen annuel de l’année précédente est de 5%», précise le texte de l’initiative.
«Ces emplois doivent être créés dans les collectivités publiques cantonales et municipales, les établissements subventionnés et les institutions publiques ou privées à but non lucratif, poursuivant des buts d’intérêt public», souligne encore le texte.«Des secteurs comme les soins à domicile (IMAD) ou la protection de mineurs sont en sous-effectif chronique et en surcharge de travail», explique Paolo Gilardi, membre du syndicat SSP.
Revenant sur la crise que traverse le secteur aérien, qui malmène l’aéroport de Genève, où travaillent près de 11’000 salariés, le syndicaliste souligne que la période est favorable à la reconversion professionnelle de certains de ces travailleurs. Il milite pour que cette transition écologique se fasse sans casse sociale. Voilà qui explique aussi la présence d’une jeune militante de la Grève du climat pour défendre l’initiative. Pour Manuela Cattani du syndicat SIT, la possibilité de créer des emplois «durables et stables» au sein des TPG (transports publics) ou dans le développement des énergies renouvelables aux Services industriels genevois (SIG) fait partie de l’objectif.
Pour Jocelyne Haller, du syndicat Avenir social, il est important de créer des emplois en CDI et non des pseudo-emplois de réinsertion comme l’État en a mis en place dans le cadre de l’aide sociale. «Ces emplois dans des domaines aussi divers que l’énergie, les transports, la planification territoriale, la gestion des déchets, la formation ou l’approvisionnement alimentaire permettront notamment de favoriser la mise en oeuvre des plans zéro carbone qui sont peu à peu adoptés par les autorités», soulignent les initiants.
Dans le même temps, l’initiative entend faire la promotion de la réduction du temps de travail «afin de maintenir ou de créer des emplois». Elle stipule que l’Etat encourage les entreprises et les secteurs économiques publics et privés à réduire significativement la durée de travail sans réduction de salaire, de manière à atteindre en 2030 la semaine des 32 heures pour un temps complet.
Jonglant avec les chiffres, Pablo Guschetti, secrétaire syndical à Unia, a rappelé que la Suisse est à la traîne. «Le temps de travail est de 43 heures en Suisse, alors que la moyenne européenne se monte à 39 heures. Des pays comme la Hollande ou l’Allemagne connaissent des semaines travail de 34,5 heures ou 36 heures», a souligné le syndicaliste. A titre d’exemple, il a rappelé que la Migros n’a pas réduit son horaire de 42 heures depuis 1980. L’objectif est de passer à la semaine de 4 jours.
«Avec notre initiative, nous entendons non seulement apporter une réponse aux défis que posent la transition écologique et les besoins sociaux de la population liés notamment à l’évolution démographique, mais également et surtout offrir aux travailleuses et travailleurs dont l’emploi est menacé une perspective primordiale et très concrète pour eux.elles: celle de retrouver le plus vite possible un emploi, stable et aux conditions usuelles, et socialement utile», ont conclu les initiants.