Elle consiste à se retrouver en nombre à bicyclette, chaque dernier vendredi du mois, afin de circuler dans la bonne humeur. Et par là revendiquer une amélioration des conditions de circulation offertes aux personnes qui n’utilisent pas de moteur pour se déplacer.
Le vendredi 26 mars, Roger* arrive aux abords du pont des Bergues, lieu habituel du rassemblement auquel il participe depuis des années. «Il y avait beaucoup de policiers, une dizaine de motards et une demi-douzaine de fourgons», raconte-t-il. «Dès Bel-Air, il y avait de nombreux contrôles policiers. Si vous étiez deux à vélo et jeunes vous étiez contrôlés».
Dispersion inefficace
Au lieu de départ de la protestation, Roger constate que la police tente de la disperser à de nombreuses reprises, sans succès. Plus tard, alors que les cyclistes qui arrivent de la Servette et se dirigent vers Plainpalais, les motards de la police font barrage sur le Boulevard James-Fazy. Bien qu’il n’ait pas assisté au moment plusieurs sources concordantes lui racontent que les forces du désordre ont alors chargé frontalement le groupe de cyclistes. Pour ceux.celles qui ne sont pas familier.ères de cet événement, il faut savoir que les motards peuvent avoir à l’arrière un passager en mesure de se servir de sa matraque. Ce type d’unité, que Roger qualifie de «voltigeurs», n’est pas sans danger pour les manifestant.e.s (1).
Incident à déplorer
Si personne n’a été blessé vendredi dernier une roue de vélo a été pliée par un motard. Ce que semble confirmer un article du site d’information romand Renversé.co écrivant: «Un voltigeur monte sur le trottoir et percute violemment la roue d’un participant. Le motard perd ensuite l’équilibre et lâche son véhicule qui tombe sur le côté». Toujours selon le site, le malheureux cycliste aurait non seulement perdu une roue mais aurait été interpellé et conduit au poste pour 24 heures de garde à vue. Il serait poursuivi «pour empêchement d’accomplir un acte officiel (ne pas s’être arrêté sur ordre de la police) et accusé de lésion corporelle simple contre le motard qui l’incrimine dans sa chute».
Manif sans autorisation
Interrogé sur cette augmentation de la pression policière sur le mouvement, Roger estime que l’occasion fait le larron et que les autorités se sont saisies de la crise sanitaire pour «écraser le mouvement. Autogéré, ce dernier n’a jamais demandé d’autorisation (2). C’est oublier que les premières pressions sont apparues au printemps de l’année dernière. Nous y avions d’ailleurs consacré un article en septembre 2020 après avoir assisté à une opération musclée faisant déjà suite à un barrage policier.
S’il reste à connaître les origines et les intentions de cette politique de répression policière, son but est évident: mater le mouvement car il dérange. Ce qui est une bonne nouvelle pour «la Critical», puisque l’objectif de nombre de manifestations est justement de déranger l’ordre établi, de lui mettre des bâtons dans les roues.
*Prénom fictif
1 Du nom des unités motorisées françaises dissoutes après la mort en 1986 d’un jeune homme, Malik Oussekine, et relancées depuis sous le nom de Brigades de répression de l’action violente motorisées.
2 Selon la loi sur les manifestations sur le domaine public du 26 juin 2008, «la police procède à la dispersion des manifestations non autorisées ou qui ne respectent pas les conditions de l’autorisation.» (ndlr)