«Cette aide cantonale à la presse doit permettre d’éviter de nouvelles faillites comme celles du Régional et de maintenir des emplois de journalistes dans les petits journaux vaudois. Même si ce plan n’est pas parfait, c’est toujours mieux que de ne rien avoir. Il permettra de compenser une partie des pertes économiques liées à la réduction de la publicité dans les journaux durant la pandémie», résume Hadrien Buclin, député Ensemble à Gauche-POP.
Renvoyé en commission en décembre, le projet vient de passer la rampe du Grand Conseil la semaine passée. Lancé par le Conseil d’Etat, ce plan prévoit une aide à la presse écrite de 6,2 millions de francs sur cinq ans. Soit le temps de la pandémie qui durera jusqu’en 2026?
Annonces et abonnements
Le projet comprend la publication d’annonces officielles ou sanitaires de la part du Canton dans les journaux suivant une clé de répartition, la création d’un kiosque numérique, un tarif privilégié à l’ATS pour les petites rédactions et des abonnements à prix préférentiel pour les jeunes. La question de savoir si cette aide pouvait être allouée à des groupes distribuant des dividendes a été tranchée. Il est prévu que dans le règlement d’application, le Conseil d’Etat privilégie les médias qui n’en distribuent pas, qui forment des journalistes et les entreprises, qui ne licencient pas, malgré des résultats bénéficiaires. «Cette restriction doit éviter que l’on distribue des milliers de francs à des grands groupes, qui ont leur siège en dehors du Canton», précise Hadrien Buclin.
La nouvelle a de quoi réjouir Vaud presse, association qui regroupe treize petits journaux locaux comme le Journal de Morges ou l’Omnibus, qui ont déjà bénéficié de pleines pages de pub durant la pandémie à travers une aide d’urgence, à l’instar de journaux régionaux (Nouvelliste, La Liberté, Le Courrier), qui ont une rubrique vaudoise. «Vaud presse, en tant que représentant et lobby des petits journaux locaux, a pu être entendu par le Canton sur ses demandes. Il serait toutefois judicieux que celui-ci dresse un portrait de son paysage médiatique cantonal pour préciser ce qu’est un journal vaudois à l’heure où apparaissent des nouveaux titres à l’ambition romande»», précise Cédric Jotterand, rédacteur en chef du Journal de Morges.
«Gauchebdo» en zone grise
«D’après un rapide calcul, cette aide à la presse pourrait être de quelques milliers de francs par année pour chaque titre. Ce n’est de loin pas une rente de situation», calcule Hadrien Buclin. Ce dernier précise que ce programme d’aide exclut les journaux politiques, qui participent pourtant du débat démocratique. «En tant que journal au statut hybride, à la fois politique et généraliste, Gauchebdo tombe dans une zone grise. C’est regrettable. Il faudrait peut-être revoir cela», explique le député. Souhaitons-le pour un hebdo dans une phase très critique ayant nécessité son passage au noir-blanc. De toute urgence.