Une initiative du comité d’Egerkingen, également à l’origine de l’initiative anti-minarets approuvée par le peuple en 2009, vise particulièrement les femmes portant la burqa ou le niqab.
Ce texte génère de nombreux débats, même dans les milieux de gauche: ne permet-il pas, finalement, davantage de droits aux femmes portant le voile intégral? Il ne sera cependant pas question d’en débattre ici, mais de discuter la confusion créée par le comité d’Egerkingen autour de cet objet dangereux. En effet, ce comité a très bien joué son jeu. En ciblant le thème délicat du voile intégral, il espère trouver des voix au-delà de son électorat habituel, faisant oublier le bord politique de ses auteurs et le véritable but de cette initiative.
Accepter cette proposition reviendrait donc à invisibiliser une réalité présente dans nos rues. Une méthode courante en Suisse, visant à donner l’impression que les manquements sociaux n’existent pas. Les SDF, mendiants et personnes précaires sont également devenus toujours plus invisibles ces dernières années – voire carrément illégaux. Ils n’ont évidemment pas disparu mais sont condamnés à vivre cachés. Ceci dans l’isolation et la honte d’une situation qui leur est présentée comme étant de leur propre faute.
Les femmes portant le niqab et la burqa n’auront, elles non plus, pas disparu si l’initiative est acceptée. Mais elles risquent de ne plus sortir de chez elles et seront donc exclues de l’espace social: invisibiliser, c’est contraindre à l’oubli, c’est interdire d’exister.
Selon l’écrivain irlandais George Bernard Shaw, «la décadence ne peut trouver d’agents que lorsqu’elle porte le masque du progrès». Ne nous laissons pas avoir par un groupuscule, dont le but est de diviser et de restreindre les droits de ces femmes, et de marginaliser davantage les communautés musulmanes.
Nous connaissons les manigances de l’extrême droite pour diviser la population, mais également pour diviser la gauche et faire perdre le cap à ses militants. Nos combats pour les droits des femmes doivent se faire AVEC les femmes et dans leur intérêt, tous les autres ne méritent pas cette dénomination.