Toute la semaine dernière, de nombreuses associations comme Solidarité Tattes, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) ou Amnesty se sont démenées pour dénoncer le vol spécial affrété le 27 janvier par le Secrétariat aux migrations (SEM) et Frontex afin d’empêcher un retour d’une demi-dizaine de requérants à Addis-Abeba. Le 26 janvier, soit un jour avant le vol, l’ONG zurichoise Asylex avait réussi à faire annuler le renvoi de deux ressortissants éthiopiens à partir des avis du Comité contre la torture des Nations Unies et du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.
A Genève, la mobilisation pour faire libérer Tahir T., requérant arrivé en Suisse en 2015 et incarcéré depuis septembre au Centre de détention administrative de Frambois, n’a pas faibli. En grève de la faim, celui-ci a été transféré le 27 janvier vers midi aux Urgences des HUG. Plusieurs dizaines de personnes se sont postées devant différentes sorties des hôpitaux afin de former une chaîne humaine symbolique contre son renvoi. Suite à son transfert à l’aéroport de Cointrin, le mouvement s’est alors déplacé devant le Terminal 2, d’où le vol spécial devait partir. A 22h, le vol spécial Frontex, mutualisé avec l’Allemagne, s’envolait vers la capitale éthiopienne, avec escale à Athènes pour embarquer d’autres personnes déboutées. Outre Tahir T., se trouvait aussi à son bord Solomon, requérant éthiopien, habitant le canton de Vaud depuis sept ans.
Politique d’asile inhumaine
«Nous sommes choqués et dégoûtés, les autorités genevoises n’ont pas agi pour bloquer ce renvoi ignoble. Nous dénonçons un renvoi inqualifiable et exigeons le retour de Tahir et Solomon et la cessation des renvois!», a dénoncé dans la foulée l’association Solidarité Tattes. «Le monde entier sait qu’une guerre est en cours en Ethiopie et que des milliers de personnes meurent. A cela s’ajoute la pandémie de Covid, qui fait également rage dans ce pays. Cette expulsion est un nouvel exemple de la politique d’asile inhumaine de la Suisse», a déclaré, de son côté, Gavriel Pinson, président du PST-POP.
Il ajoute: «Nous devons faire tout ce qui est humainement possible pour arrêter et changer cette pratique honteuse». «En 2018, plus de 2,9 millions de personnes en Ethiopie ont été forcées de fuir à cause du conflit ethnique. Nulle part ailleurs dans le monde, il n’y a eu autant de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays en 2018. En juin 2019, une tentative de coup d’Etat a eu lieu. Des centaines de personnes ont ainsi été tuées arbitrairement. Depuis novembre 2020, le conflit entre la région du Tigré en Ethiopie et le gouvernement central s’est intensifié. Diverses sources font état de centaines de morts et de blessés, des centaines de milliers de personnes sont en fuite», rappelle encore le parti, qui exige un arrêt immédiat de toutes les expulsions et que la Suisse reconnaisse immédiatement que l’Ethiopie n’est pas un «pays sûr».