Dans de nombreux films apocalyptiques, un procédé consiste à diffuser en arrière-plan des alertes quant à la catastrophe à venir. Alors qu’un titre de journal s’inquiète de la propagation d’une épidémie ou qu’une radio, en fond sonore, signale des émeutes à l’étranger, le «héros» continue sa petite vie comme si de rien n’était. Si le personnage semble peu considérer ces messages, ceux-ci augmentent la tension pour le public qui voit le drame arriver.
C’est peut-être à la façon dont ces signaux faibles sont reçus par les protagonistes que nous percevons les récentes émeutes aux Pays-Bas contre les «restrictions sanitaires». Si elles ont fait monter la tension des politiques sur le vieux contient, elles ne nous ont pas permis de prendre conscience de ce qui pourrait advenir.
Pire, elles ont été utilisées par certains pour justifier leur politique de sauvetage de l’économie. C’est le cas du parti au pouvoir en France, la République en Marche, dont des membres ont confié à la presse craindre des actions massives de «désobéissance civile» et une «radicalisation» des mouvements sociaux. S’il est probable que ces confidences n’ont servi qu’à légitimer le fait de repousser un nouveau confinement «très serré», elles s’appuient sur un risque bien réel.
C’est que, face aux explosions de cas qu’ont connu le Royaume-Uni et le Portugal, dont la causalité attribuée aux nouveaux variants reste discutée bien que probable, et le risque qu’elles font encourir aux systèmes de santé, il ne semble y avoir d’autre choix que de tout fermer. Or, attendre que les cas montent de façon exponentielle pour réagir en décrétant un confinement conduit mécaniquement à repousser le moment où l’on pourra le lever.
Si les populations ont, pour l’instant, fait preuve de patience, c’est qu’elles ont un espoir. Celui de retrouver avec les beaux jours leur liberté. Soumettez quelqu’un à l’idée qu’il passera son été enfermé et voyez sa réaction. De la patiente résignation, vous verrez naître de la colère. Ajoutez-y la précarité galopante et vous obtiendrez une apocalypse citoyenne. Rappelons que le terme biblique d’origine grecque ne signifie pas «fin du monde» mais dévoilement, révélation. Celle qui nous attend s’appelle peut-être révolution.