Actuellement, le congé maternité est en effet inégal au sein de l’administration cantonale. Dans le cadre de la Loi sur le statut de la fonction publique, le canton octroie 122 jours de congé contre 98 au niveau suisse. Mais il y appose une condition lourde de conséquences: en cas d’absence maladie liée à la grossesse, les 24 jours supplémentaires sont tout simplement supprimés.
Sera Pantillon, députée Verte au Grand Conseil, relève l’incohérence de cette spécificité neuchâteloise, qui concerne un tiers des femmes enceintes travaillant pour le canton: «On voit qu’il y a un nombre élevé de femmes qui ne travaillent pas jusqu’au terme, ce qui est normal. Mais ça rend cette disposition encore plus discriminatoire…». En effet, les femmes vivant une grossesse compliquée se voient ainsi doublement pénalisées par cette mesure injuste.
Propositions d’amélioration à gauche
Au vu de la situation, le groupe PVS a tenté une interpellation auprès des instances cantonales, mais celles-ci n’ont pas donné de réponse satisfaisante. Le groupe a alors rédigé une première proposition de loi visant à assurer un congé égal pour toutes les mères dès la date de l’accouchement, ainsi qu’une seconde demandant un mois de congé supplémentaire pour l’allaitement – déjà appliqué dans les cantons de Vaud, de Genève et du Jura.
La possibilité d’allaiter sur le lieu de travail est déjà intégrée dans la loi, mais celle-ci est difficile à mettre en place. Elle ne prend ainsi pas en considération les contraintes telles que l’éloignement du lieu de travail avec le domicile ou endroit de garde de l’enfant, ou l’incompatibilité des horaires dans certaines fonctions.
Outil de précarisation sociale
Si ce type de lois antisociales précarise les femmes et démontre que leur intégration dans le monde du travail n’est pas une priorité, il est important de relever qu’elles pénalisent finalement l’entier de la population. Lors d’une naissance (et bien au-delà), c’est souvent toute la famille qui est mobilisée afin de pallier les manquements sociaux de notre système. Les enfants aussi en font les frais lorsque le travail d’attention et d’éducation est non seulement pensé comme du bénévolat naturel, mais que plus personne n’a le temps de réaliser, car il faut bien «un vrai travail», avec un revenu, souvent de la part des deux parents.
Il est également facile pour les cantons et les entreprises privées de «dépasser» les bien maigres obligations nationales, en prévoyant des avantages que seule une minorité peut obtenir. Les projets du groupe PVS permettront ainsi de faire un pas vers une politique familiale plus égale et responsable. Il nous faudra toutefois continuer à voir les manquements concernant la maternité comme un problème d’ensemble. Qui nous concerne toutes et tous, ainsi que les générations futures.