On vit une urgence sanitaire aiguë qui se cumule à l’urgence climatique réelle bien que largement éclipsée médiatiquement par la première. On apprend pourtant que la récolte de la betterave sucrière de cette année est gravement affectée par la «jaunisse virale», que les rendements seraient jusqu’à 2 fois moindre que d’habitude. La «faute» à l’interdiction récente, après une longue lutte, du «gaucho» (néonicotinoïde connu pour ses ravages sur la biodiversité et sa toxicité sur les abeilles), se sont insurgés les paysans relayés au parlement par le conseiller aux Etats vaudois Olivier Français notamment. Ils demandaient sa réintroduction immédiate, comme en France. Le Conseil fédéral n’est pas entré en matière, mais a autorisé 2 autres pesticides agissant sur les feuilles plutôt que le tubercule.
On a très peu entendu une remise en question du mode de production intensif, de l’absurdité des rendements exigés. Ou encore de l’excès de consommation de sucre, y compris celui caché dans les produits agro-industriels. En Suisse pourtant on en consomme 5 à 7 fois plus que les recommandations de l’OMS et 2 fois plus qu’en 1970. Avec les conséquences sur l’obésité et le diabète. Devant une réelle problématique, on ne cherche pas à innover. On veut reprendre les recettes connues, même si elles tuent les abeilles, au nom de la rentabilité immédiate. Et on continue à consommer des plats tout prêts contenant des sucres cachés, qui inondent les supermarchés.
Pour la pandémie, on n’est pas sorti de la 2e vague que déjà certains s’insurgent contre le fait que l’on ne pourrait pas faire de ski à Noël et de grandes fêtes de fin d’année. C’est ne pas vouloir voir que les seuils de transmission virale sont encore très élevés et que, au vu de l’expérience acquise cet été, une 3e vague en janvier-février est hautement probable si le semi-confinement est allégé. Bien sûr c’est une situation anormale, pesante. Mais le vaccin est pour janvier et on en aura fini de ce virus, entend-on. Comme si c’est la solution miracle pour vivre comme avant. Les vaccins vont aider à sortir de la pandémie. Mais on devrait aussi réfléchir à ce qui a permis de transformer cette épidémie née en Chine en pandémie. Pour prévenir la suivante.
Ces 2 crises majeures nous obligent à imaginer, créer un autre monde. Mais on se rend compte combien il est difficile de changer.