Les élections au Parlement jurassien n’ont pas donné lieu à de grandes surprises, compte tenu de ce qui s’était passé lors des élections fédérales de l’an dernier et de l’élection partielle au Gouvernement en février-mars. Les Verts progressent, mais il semble qu’ils prennent leurs nouvelles voix surtout ailleurs que dans l’électorat traditionnel de gauche. Les socialistes gagnent même un siège à Delémont, mais avec le même score qu’en 2015.
Les trois partis de droite reculent. Le PDC reste le premier parti du canton, mais il passe de et de 17 à 15 sièges. Le PLR obtient 8 sièges (- 1) et l’UDC 7 sièges (- 1). Ces trois partis, qui avaient 34 sièges sur 60, en auront donc encore la moitié, mais pourraient bénéficier de l’appoint des nouveaux venus, les deux Verts libéraux (4,5% des suffrages).
Le PCSI (chrétien-social) est aussi en recul et perd 2 des 8 sièges qu’il détenait. La gauche sort renforcée, grâce surtout aux 3 sièges gagnés par les Verts, un dans chaque district. Ils obtiennent 7 élus avec 11,5% des voix (+ 3,8%). Le Parti socialiste est stable (20,2%; + 0,2%), mais gagne un siège pour arriver à 13.
Déception chez CS-POP
CS-POP maintient ses deux sièges dans le district de Delémont, mais le parti avait quelque espoir de reconquérir le troisième siège perdu en 2015. Son score est même en baisse, de 7 à 6,2%. Une petite partie de son ancien électorat semble être allé voir du côté des Verts. Autre espoir déçu, il n’obtient pas de siège aux Franches-Montagnes, où il se présentait pour la première fois. Il y obtient 5,1%. Il aurait fallu 7,5% . Les deux députés sont Rémy Meury, 1833 suffrages et Christophe Schaffter, 1276. Tania Schindelholz (1020) est élue députée suppléante.
La déception concerne aussi le résultat de son candidat au Gouvernement. Il est vrai que Francisco Pires était très peu connu dans les deux grands districts du canton. Evidemment, il n’avait pas eu l’occasion d’être député, puisque CS-POP ne présentait pas de liste dans son district. Tout cela explique son score (2232 voix, 8,4%), inférieur à celui de Rémy Meury en 2015 (11,5%).
Lutte difficile pour une majorité de gauche au Gouvernement
Sept candidat.e.s se présentent au second tour, dont les cinq ministres sortant.e.s, soit Rosalie Beuret Spiess et Nathalie Barthoulot (PS), Martial Courtet (PDC), Jacques Gerber (PLR) et David Eray (PCSI). Les quatre premiers nommés ont obtenu des scores (41,7 à 43,6%) qui leur permettent de ne pas trop douter de leur succès au second tour. Il en va tout autrement pour David Eray, arrivé en 6e position au premier tour avec 26,4%, derrière le second candidat PDC, Stéphane Babey (29,2%). La candidate verte, Céline Robert-Charrue Linder, arrivée 7e (13,9%), est aussi dans la course, malgré un score décevant au premier tour, améliorant certes le résultat du candidat vert de 2015, mais restant en deçà de celui de 2010, bien avant la vague verte. On peut voir deux raisons à cela. Comme Francisco Pires, elle n’a jamais été députée et était peu connue en dehors de son district. L’autre facteur est qu’il n’y a pas eu de dynamique d’union de la gauche, le PS ayant refusé de suivre l’exemple de CS-POP et des Verts, qui appelaient à voter pour les cinq candidat.e.s de gauche. Et effectivement, elle n’a pas obtenu beaucoup de voix en dehors de l’électorat des Verts et de CS-POP.
Mais les Verts ont devancé le PCSI dans l’élection du Parlement et, pour le second tour, elle bénéficie du soutien officiel du PS. Cette fois la gauche est unie pour appeler à voter pour les trois candidates en vue d’obtenir une majorité de gauche et féminine. Mais le retard à rattraper est important. Les trois partis de gauche ont obtenu 35% des voix pour le Parlement. C’est plus que le score du 5e au premier tour, mais celui-ci, plutôt à l’aile droite du PDC, va certainement augmenter aussi son score en bénéficiant de suffrages d’une partie de l’électorat des autres partis de droite, l’UDC n’ayant pas de candidat et le PLR étant sûr de l’élection du sien. Il part donc favori. Quant à David Eray, il ne peut guère compter sur des voix PDC comme en d’autres occasions, puisqu’il est en confrontation directe avec un de ses candidats. Et à gauche, on n’oublie pas le soutien du PCSI à ce même PDC contre la candidate socialiste à l’élection partielle de l’hiver dernier.
A cette occasion, l’élection de Rosalie Beuret avait été une surprise. Alors pourquoi pas cet automne une importante mobilisation de la gauche et une seconde bonne surprise avec l’élection de Céline Robert-Charrue?