Déjouant les attentes et en seconde instance, la chambre genevoise d’appel et de révision vient d’acquitter de toute charge le jeune militant, Nicolas, du collectif Breakfree, qui avait mené une action de dénonciation à la peinture lavable, en dessinant des mains rouges sur la façade du Credit suisse en 2018. Le verdit annule sa condamnation à 10 jours-amende à 30 francs pour dom- mage à la propriété prononcée par le tribunal de police en février.
La décision de clémence est à l’opposé des jugements qui ont prévalu récemment dans le canton de Vaud. Le 24 septembre, suite au recours du procureur général, le PLR Eric Cottier, les trois juges de la cour d’appel à Nyon avaient infligé des peines pécuniaires aux douze militant.e.s. Leur crime? Avoir organisé une partie de tennis dans une succursale du Credit suisse. Il y a deux semaines, le militant popiste et pro-climat, Zakaria Dridi, s’est vu confirmer sa peine par le Tribunal des mineurs pour un simple sit-in aux Retraites populaires. Face à des jugements si contraires, c’est sans doute le Tribunal fédéral qui sera chargé de remettre de l’ordre, en prenant une décision qui fera jurisprudence
Ce qui frappe dans toutes ces affaires réside dans la différence de conscience et de responsabilité sociale. On s’étonne aussi de la disproportion de moyens entre de jeunes activistes sincèrement préoccupé.e.s par les dangers mortels d’un changement climatique mondial , d’une part, et des géants financiers, qui restent singulièrement opaques sur leurs investissements dans les énergies fossiles, de l’autre. Pourtant, ceux-ci se monteraient à plus de 700 milliards de dollars depuis l’accord de Paris sur le changement climatique, relevait The Guardian en 2019.
En reconnaissant que le problème environnemental n’est pas pas seulement une question de violation de domicile ou d’application de la loi sur la propriété, le tribunal genevois, mené par Gaëlle Von Hove, relance le débat sur l’urgence climatique du point de vue du troisième pouvoir comme s’y attellent encore trop laborieusement le politique ou l’économie. C’est encore la justice, celle de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui devra répondre de la plainte des Aînées pour la protection du climat. Qui dénoncent les négligences de la Confédération en matière de protection du climat et exigent des objectifs plus ambitieux dans ce domaine, après que le Tribunal fédéral a rejeté leur recours. Alors verdict?