La pandémie de Covid-19 a surpris par sa contagiosité, l’absence de traitement et le risque lié à un virus vingt fois plus mortel qu’une grippe saisonnière. Devant ces réalités, le confinement était raisonnable pour ralentir la propagation. Et permettre aux systèmes de santé de faire face à l’afflux de patients.
Mais il y a ceux qui nient autant la réalité que la crise écologique. Ainsi Trump ou Bolsonaro s’opposent cyniquement à tout confinement, sachant pertinemment que leur système de santé n’est pas en mesure de prendre en charge un pic de malades. Aux États-Unis, l’Obamacare a été démantelé, privant 40 millions de personnes d’assurance et de protection sociale. Au Brésil, dans le sillage du «frein aux dépenses» adopté après le coup d’État parlementaire contre la présidente Dilma Rousseff, on ne dispose que de la moitié des lits hospitaliers recommandés par l’OMS. Une situation que le confinement erratique ne fait qu’aggraver.
Il y a aussi ceux qui profitent de la crise du Covid-19 pour imposer confinement et couvre-feu alors que les raisons sanitaires ne sont pas prioritaires. Ainsi le Chili en proie à une forte contestation, la Bolivie, où le gouvernement illégitime après le coup d’État contre Evo Morales a imposé un confinement autoritaire et militarisé. Il y a aussi le Nicaragua et Cuba ayant misé sur leur système de santé primaire dont la performance est saluée internationalement.
Que dire enfin de l’Afrique aux cas apparemment peu nombreux? Mais où les États ont reçu le soutien ambigu du FMI et de la Banque mondiale pour affronter la pandémie. Or la lutte contre la malaria et le risque lié aux criquets pèlerins n’intéressent pas ces bailleurs. Ceci malgré le risque de famine pour des populations entières et la surmortalité infantile qui en découlent. Le confinement est sur ce continent aussi inadapté qu’insuffisant.
Du point de vue sanitaire, le confinement n’a en fait de sens que si existent une protection sociale et un système de santé performant, pour ne pas déstabiliser davantage les plus précaires. Cette crise doit rendre vigilants et combatifs afin qu’elle n’accroisse pas les inégalités sociales tout en limitant drastiquement les droits politiques, ici et ailleurs.