Né le 15 mai 1932 à Lisbonne, il aurait eu 88 ans. Le praticien laisse son épouse Maria Isabel, cinq enfants, quinze petits-enfants et trois arrière-petits- enfants.
Quintino Barbosa de Barros a accompli sa formation à la Faculté de médecine de Lisbonne en 1957. Deux ans plus tard, il passe le concours interne comme médecin généraliste à l’Hôpital de Santa Marta. Menacé d’une peine de prison pour avoir refusé d’être envoyé en Angola, il saisit l’occasion en 1962 d’un congrès de diabétologie à Paris pour fuir la dictature.
Fort engagement social
De Paris, le médecin rejoint le Maroc puis Alger, où il exerce sa profession de 1963 à 1964 à l’hôpital Mustapha. Avant de se rendre en Suisse à Neuchâtel, où il travaille pendant un an, puis à La Chaux-de-Fonds qui le voit passer sa spécialité en médecine interne. En 1972, il est appelé à Genève, mais préfère rester à La Chaux-de-Fonds. Il œuvre à temps partiel à l’hôpital et ouvre son propre cabinet.
Praticien apprécié, il compte de nombreux patients, tant suisses qu’issus de différentes communautés étrangères. Mais l’homme était surtout un cadeau du ciel pour la jeune communauté portugaise des années 70 et 80, un médecin portugais à La Chaux-de-Fonds, avec lequel on pouvait parler la même langue. Ce médecin humaniste a toujours développé un fort engagement social. Il devint ainsi rapidement un confident et un point d’appui pour ses compatriotes.
De plus, son cabinet était ouvert le samedi, une aubaine pour les Portugais saisonniers travaillant souvent loin de leur domicile. Avec dévoue- ment, ce généraliste a généreusement aidé ses patients, renonçant souvent à facturer ses consultations. Ainsi essentiellement aux épouses et enfants des saisonniers, qui vivaient clandestinement, sans droit de séjour et donc sans caisse maladie. En 1999, il prend une retraite bien méritée, mais demeure une référence tant professionnelle que morale pour ses nombreux anciens patients.
Ses grandes qualités humaines ainsi que son altruisme font de lui un exemple. Homme de gauche, dévoué aux autres, ouvert sur le monde, il aimait échanger ses idées avec ses ami.e.s ou camarades. Ceci au fil de longues conversations sur les problèmes et inégalités de ce monde. Aimant aussi écrire, il a publié deux livres, l’un d’eux sur l’euro et l’économie marxiste. Sa dernière recherche portait sur le coronavirus qui allait l’emporter et s’intitule Réflexions sur la pandémie en cours.
Personnalité de premier plan
Quintino de Barros est une figure importante de la Communauté portugaise et de l’Histoire de la Ville de La Chaux-de-Fonds. En 2018, le Président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, lui a décerné la décoration de l’Ordre du Mérite, à l’occasion de la fête nationale. Cette distinction lui a été remise à La Chaux-de- Fonds par l’Ambassadeur du Portugal en Suisse, le 7 novembre 2018, en présence de sa famille et d’une cinquantaine d’amis proches et de camarades, ainsi que des autorités communales de la Ville, qui lui ont aussi rendu hommage.
A La Chaux-de- Fonds, il participait assidûment au groupe «Réflexion» organisé par le POP/PST. Membre de l’Association Suisse-Cuba, il se joignit plusieurs fois à des voyages culturels et humanitaires. Pour ce médecin, il était impensable de ne pas être présent chaque année aux célébrations du 25 avril au Portugal ou à la Fête d’Avante, l’organe du PCP. Il l’a toujours fait jusqu’en 2018.
En mai 2019, les camarades de l’organisation du PCP en Suisse ont aussi voulu lui rendre hommage lors de la Fête nationale à Orbe, par la personne du Secrétaire général du PCP, Jerónimo de Sousa, ce qui l’a beaucoup touché. Son amitié fidèle et inconditionnelle nous manquera beaucoup, tout comme sa compréhension et l’écoute des autres, une qualité naturelle chez lui.
Enfin, on ne peut l’évoquer sans rendre hommage à son épouse Maria Isabel, médecin elle aussi. Elle a renoncé à sa carrière pour être sa com- pagne, la mère de ses enfants, sa secrétaire et son amie pendant plus de 60 ans, toujours à ses côtés jusqu’à son lit de mort. Comme le dit le dicton, «sur le chemin d’un grand homme, il y a toujours une grande femme».