A 56 ans, Bernard Métraux a un parcours de vie engagé. Issu d’une famille militante du POP, sa mère, Pierrette Métraux, est l’une des premières femmes élues. Dès l’âge de 18 ans, Bernard Métraux milite au POP, qui l’attire aussi bien par ses propositions que par sa présence sur le terrain, que cela soit dans le soutien des syndicalistes (nationaux ou pas), ou dans la sensibilisation de la population à des causes comme la lutte contre l’apartheid.
Il fait des études d’électronique et d’informatique et il intègre le monde associatif, dont l’association AVIVO, et devient conseiller municipal du POP à Lausanne, poste qu’il occupera pendant 7 ans. Il est alors chargé de la Police et des Sports, une responsabilité dont il sent avoir tiré avant tout une leçon d’humilité, car c’est là qu’il a compris la vraie difficulté de la prise de décisions politiques.
Interrogé sur les défis de la gauche en Suisse en particulier et en Europe en général, Bernard Métraux indique que le challenge est d’arriver à présenter un projet de société socialiste comme une alternative plausible. Comme il le souligne, toutes les expériences politiques ayant cherché à mettre en place des voies alternatives au capitalisme sont boycottées.
En 2003, sa vie prend un tournant quand il décide d’intégrer le Comité de la Croix-Rouge, où il a travaillé pendant 15 ans. Il vit actuellement avec sa femme et son fils au Mozambique, où il est revenu au monde associatif, en collaborant aussi bien avec l’Ecole Française qu’avec la Croix-Rouge.
Expérience africaine
A partir de son expérience dans le continent africain, Bernard Métraux constate que, contrairement à ce que l’on pense souvent en Suisse, la coopération contribue plus à la corruption qu’autre chose. Tandis que l’aide humanitaire d’urgence est pleinement justifiée, l’aide au développement devrait s’adapter, pour permettre aux pays africains de redevenir les maîtres de leurs ressources. Mais la réalité est qu’une partie de la jeunesse africaine est fatiguée de ces soit disant aides au développement, fournies par des pays qui continuent de piller les ressources du continent.
Et il partage leur point de vue, notant quand même que ce qu’entreprend la Suisse (et en particulier au Mozambique) est souvent plus «altruiste» que la plupart des autres donateurs. Et, généralement, la Suisse suit directement les projets et n’injecte pas de l’argent dans les systèmes étatiques
Pour ce qui est des grands défis politiques de l’actualité, il y en a deux qui retiennent l’attention de Bernard Métraux: l’égalité femmes-hommes, une lutte de 68 inachevée, et surtout, le changement climatique. Pour ce qui est de ce deuxième enjeu, Métraux se montre très catégorique: l’homme est en train d’accélérer sa propre fin. Il conclut en disant que nous avons tous à l’égard de l’environnement la responsabilité de nous engager vis-à-vis du monde que l’on lègue aux générations à venir