Dans son rapport, le gouvernement souligne cet extrait de la Constitution fédérale: «la force d’une communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres». Pour lui, le dernier filet est assuré par l’aide sociale et les prestations complémentaires. Le poids financier de ce poste, en constante progression, oblige les collectivités publiques à trouver des moyens pour à la fois répondre aux besoins et maîtriser les coûts. L’idée générale vise à permettre à chaque personne de réintégrer une activité professionnelle lui permettant de vivre. Le Conseil d’Etat reconnaît qu’au fil de son développement, le système social est devenu extrêmement complexe. Ses défauts se mesurent par une faible conduite stratégique globale, des effets de seuils dommageables pour les personnes concernées, des incohérences administratives, mais aussi l’inefficience administrative, l’épuisement professionnel et une perte de sens pour le personnel.
Pour trouver des réponses à cette situation le gouvernement propose un concept s’appuyant sur trois prestations distinctes: soit des subsides à l’assurance-maladie dans une version redéfinie assurant l’élimination des effets de seuil, mais aussi une nouvelle prestation complémentaire cantonale (PCC), qui permettra de soutenir financièrement les personnes qui en ont besoin (dans une mesure équivalente ou proche de l’aide sociale), mais ne nécessitant pas d’accompagnement social. Cette PCC s’accompagnerait d’un subside maladie complet.
Pour finir, une aide sociale tenue de se repositionner sur son cœur de métier, consistant à accompagner les personnes en difficulté sociale. Pour le gouvernement, «la prestation complémentaire cantonale devrait être calibrée de manière à ce que le coût des aides financières reste proche du niveau actuel», comme l’exprimait déjà en 2017, le conseiller d’Etat socialiste Jean-Nat Karakasch.
Face à la crise sociale, pas question d’émettre un seul doute sur les effets du néolibéralisme, qui ne se soucie pas plus de la force de la communauté que de la situation des laissés-pour-compte, seul le profit étant son objectif.
Amélioration des prestations complémentaires
Cependant, les intentions du gouvernement présentent de possibles améliorations, comme l’explique Cédric Dupraz dans son intervention au nom du groupe PopVertsSol. Pour le popiste loclois, la problématique sociale constitue l’un des enjeux fondamentaux et primordiaux du développement équilibré de notre société.
Elle repose sur les principes de solidarité, d’humanité, ce qui engendre un rapport de forces, puisqu’elle porte sur des enjeux de répartition des richesses et du pouvoir. Le député rappelle que les statistiques utilisées par notre pays embellissent la situation afin de rassurer la place financière. Il s’agit de donner l’illusion à l’opinion publique de la persistance du plein emploi.
Par ailleurs, Cédric Dupraz salue la recommandation du passage d’une commission temporaire à une commission thématique, qui est une étape nécessaire pour améliorer la situation, même si cette amélioration peut paraître minimaliste.
Le député estime que les plus-values sont difficiles à percevoir. «Certaines personnes, dont des bénéficiaires de l’aide sociale, pourront bénéficier du soutien du service de l’Emploi, mais les personnes à l’aide sociale doivent depuis toujours être inscrites comme demandeurs d’emploi… Dès lors, ceux-ci peuvent déjà bénéficier de certaines interventions et soutiens de la part des services de placement», relève-t-il.
Le principe de l’amélioration des prestations complémentaires cantonales est salué par le groupe PopVertsSol, car il permettra d’allouer des ressources humaines bienvenues auprès des personnes qui en ont vraiment besoin, libérant les autres d’entretiens, non porteurs de sens.
Le groupe a soutenu le rapport et annoncé qu’il reviendra avec un nouveau projet de loi dont il espère qu’il sera traité dans cette nouvelle commission. Dans l’intervalle, la nécessité de bénéficier d’une vision globale de la précarité, de la structure socio-économique des individus dans le canton est primordiale et urgent.
Enfin, Cédric Dupraz a rendu attentif l’exécutif sur la non-automaticité des aides et les risques portés sur certains bénéficiaires, incapables – pour raisons médicales, d’hospitalisation ou autres – d’en prendre connaissance et remplir le formulaire annuel. Ce rapport accepté par le parlement ne constitue donc qu’une première étape.