Karine Clerc est travailleuse sociale de formation, enseignante à la haute école de travail social à Lausanne (EESP) et Municipale popiste à Renens.
Les femmes élues à des fonctions exécutives ont-elles participé à l’organisation de la mobilisation depuis le début de l’année?
Karine Clerc Pour moi, le plus important était de rester le plus proche possible de celles et ceux qui s’engagent localement. La Fourmi rouge a finalement décidé de soutenir la mobilisation de l’association Femmes solidaires sans frontières, une association de femmes, interculturelle à Renens, en organisant un repas le 14 juin – qui sera réalisé par des hommes – sur la place du marché. L’idée était d’inviter un maximum de monde à nous rejoindre et d’organiser un événement festif et accessible à tous.
La Municipalité, composée de quatre femmes, a décidé de soutenir et de participer à la mobilisation. Pour cela, nous avons mis sur pied un groupe de travail (GT) réunissant les cadres. Nous avons réfléchi aux revendications du mouvement et choisi d’agir à plusieurs niveaux: d’une part, en concrétisant les engagements pris lors de la signature de la charte sur l’égalité salariale dans le secteur public. D’autre part, en prolongeant la réflexion par l’organisation d’une conférence sur le thème de l’égalité en automne à l’intention des salarié.e.s, enfin, en portant des signes de solidarité durant la journée du 14 juin.
Les employé.e.s de la Ville pourront prendre congé dès 15h ce jour-là, mais nous mettrons tout de même en place un service minimum, en essayant de concilier la mobilisation du personnel et les réalités des usager.ère.s de nos services, notamment dans les lieux d’accueil des enfants.
Quelles difficultés spécifiques rencontrent les femmes qui occupent des postes de pouvoir, comme dans un exécutif?
Au sein du GT, nous avons discuté avec les cadres de la Ville de la différence qui existe entre les femmes et les hommes dans leur rapport au pouvoir, mais aussi dans la gestion de la représentation du pouvoir par les autres. Ces échanges étaient très riches, car on a pu se rendre compte que les femmes et les hommes ne vivent pas cette posture de la même manière.
A un niveau plus personnel, j’ai bien sûr dû apprendre à gérer cette position, ce qui ne va pas de soi. En outre, la charge de travail est importante, les horaires très irréguliers et la conciliation avec des tâches parentales, qui repose sur les femmes, est une réalité aussi pour les politiciennes. Cette charge mentale demeure invisible.
Comment allez-vous participer à la grève du 14 juin ?
Ce jour-là, je vais rejoindre le mouvement et participer aux manifestations qui se déroulent à Renens. Je rejoindrai celles de Lausanne dans l’après-midi. Je resterai proche de l’administration, attentive au bon déroulement de la journée mais aussi, pour que nous puissions la partager et poursuivre les échanges initiés il y a déjà plusieurs mois. C’est d’ailleurs l’un des premiers bénéfices de la grève des femmes: on en parle depuis des mois et elle ne laisse personne indifférent.
Quelles sont vos revendications en tant que femme membre d’un exécutif ?
J’ai pu accéder à ce poste grâce au soutien de mon parti politique, après avoir suivi un parcours personnel fait de militantisme, de conscientisation et de prise de parole, sous différentes formes. Cette prise de parole est au cœur de l’engagement des femmes. Découvrir que le privé est politique, le vivre et puis le dire, cela revient à en donner les moyens aux femmes, sans quoi le principe d’égalité reste un vœux pieu. Cela signifie permettre aux gens de prendre confiance en eux, leur donner la parole, leur apprendre à la prendre. A Renens, en particulier au POP, des femmes le font depuis des années. C’est un héritage, qui a ouvert des possibles. Mais rien n’est jamais acquis pour toujours. Alors on continue, le 14 juin, et après!