En 2017 déjà, Johan Pain, conseiller communal popiste d’Ensemble à Gauche, se déclarait bouleversé par les témoignages reçus de travailleurs dans l’institution des soins à domicile. Celle-ci est en effet la cible de vives critiques concernant l’insatisfaction des besoins des utilisateurs, les conditions de travail du personnel et ses liens avec la hiérarchie. Les courriers des lecteurs s’en font l’écho très régulièrement et le taux de démissions devient inquiétant.
Dur constat
En décembre dernier, Johan Pain se déclarait déçu des réactions et des réponses de la Municipalité. «L’humain passe avant l’intérêt de la finance et de la productivité» soulignait-il. «De bonnes conditions de travail sont le socle de bonnes prestations pour un service public tel que les soins à domicile. Or la Municipalité oriente le débat sur un litige syndical auquel je ne faisais nullement référence, car je soulignais la déshumanisation des soins à domicile et les conséquences pour les utilisateurs».
Son interpellation évoquait des pressions de la part de la direction, une gestion du personnel basée sur la flexibilisation, des sous-effectifs, une planification chaotique, l’augmentation des intérimaires et les conditions de travail difficiles dans les Centre médicaux sociaux (CMS) de Lausanne.
Ça bouge enfin
Avec un sens aiguisé de la prudence, la Municipalité de Lausanne, qui nomme les participants à la Fédération des Soins à domicile de Lausanne (FSL), a évoqué un obscur article du règlement lui permettant de dire «qu’elle n’était pas habilitée à répondre, car il ne s’agissait pas d’un fait de son administration». Et d’ajouter des propos lénifiants sur le respect parfait de la CCT, le souci de la protection des données, les résultats favorables à 98% d’une enquête de satisfaction en 2018.
Le Conseil communal a alors réagi et a voté quasi à l’unanimité une résolution de Johan Pain réclamant «une approche plus humaine et respectueuse des conditions de travail du personnel afin d’assurer de bonnes prestations aux patients».
La résolution est tombée à pic. Le 19 février dernier, l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (AVASAD) a annoncé une vaste opération permettant aux quelque 5’000 collaborateurs dans le canton de proposer des pistes concrètes concernant leurs conditions de travail. Un plan de travail s’ensuivra cet été. Plus de 100 groupes de discussion seront constitués afin de suggérer des actions dans les domaines à améliorer. Le président de l’AVASAD, Tristan Gratier, souligne que s‘il y a des situations positives dans les conditions de travail, il y a en revanche de sérieux problèmes dans le domaine du stress, de la rémunération, de la charge administrative, de la planification et de la satisfaction au travail. Espérons que la Municipalité de Lausanne aura enfin la curiosité de lire les conclusions tirées de ce travail.