Pour Ana, lycéenne à La Chaux-de-Fonds, la participation «a nettement dépassé nos espérances; nous craignions d’être moins nombreux que le 18 janvier, nous avons presque été le double. On retrouvait souvent les trois générations d’une même famille, et le fait que des personnes d’âges confondus aient eu la volonté de manifester leur exigence de changement et leurs craintes constituait justement un de nos objectifs. Nous espérions un dialogue au sein même des familles de ceux qui avaient fait grève».
Ana souligne que ce rassemblement a renforcé les rangs pour les mobilisations à venir et fait grandir le mouvement. «Je suis donc très optimiste, de plus en plus de visages inattendus participent à la cause! Cela me donne de l’espoir!».
Concernant les futures mobilisations, la journée de grève du vendredi 15 mars est déjà fixée. Ce sera le moment ou les jeunes déposeront leur motion au château, siège des autorités cantonales. D’autres idées sont en gestation, dit-elle avec dynamisme.
Ana imagine une forte présence des jeunes au parlement lors du débat sur la motion, ce qui leur permettra d’exprimer les positions qu’ils défendent. Soyons assurés, les jeunes auront des idées novatrices!
Cloé, étudiante en droit à l’Université de Neuchâtel a pris la parole avec des propos exprimant des convictions profondes et essentielles. Elle a entamé son allocution, en disant qu’elle n’avait pas beaucoup d’expérience en jardinage. «Aujourd’hui, j’ai envie de vous expliquer pourquoi nous sommes toutes et tous ici présents des jardiniers. Les jardinier-ère-s de notre futur», a-t-elle proclamé devant la foule.
«Des jardiniers du futur»
Mettant les choses au clair, elle affirme que «nous ne souhaitons pas que l’on nous trouve une planète de rechange, que l’on enfouisse du CO2 dans le sol, que l’on refroidisse l’atmosphère en répandant des gaz dans l’air, que les personnes qui nous représentent soient de mèche avec les plus gros pollueurs de la planète. Non».
Que veut-elle alors? «Avoir accès à des cours spécifiques, liés à la protection de l’environnement, entendre le chant des oiseaux, voyager en train sans se ruiner, avoir accès à de la nourriture saine et biologique et plein d’autres choses encore.» Cloé précise que les jeunes ne sont pas des privilégiés ou des utopistes, ils ne veulent plus vivre dans la crainte que leur génération soit la dernière.
«Nous sommes les jardinier-ère-s de notre futur qui, à chaque mobilisation semons de petites graines qui poussent et se répandent, de la même manière que la mauvaise herbe: peu appréciée par certains, mais bien plus utile que ce qu’on pourrait l’imaginer», argumente-t-elle.
Des jeunes qui font passer leurs valeurs avant le profit. Très consciente des enjeux, la militante écologiste ajoute qu’en octobre prochain seront élus celles et ceux qui définiront la politique climatique de la Suisse ces quatre cruciales prochaines années. «Nous aurons la possibilité et l’unique chance de faire radicalement changer le cap de la politique écologique des quatre prochaines années et j’espère fortement que nous y parviendrons», assure-t-elle.
«Un changement en profondeur»
Camille, membre des Jeunes POP souligne encore: «Je crois également qu’une grande partie de la jeunesse, n’est pas indifférente à son rôle dans le réchauffement climatique. Nous nous rendons au travail ou aux cours en transports publics ou à pied, nous trions nos déchets et nous éteignons l’eau quand nous nous brossons les dents… Mais nous sommes conscients qu’il faut attaquer ces problématiques de manière collective et dans ce sens, nous avons par exemple lancé une campagne pour les transports publics gratuits».
«Nous savons également que d’après l’ONG Carbon Disclosure Project, 100 entreprises sont responsables de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre… », continue-t-elle.
«Nous luttons donc pour un changement en profondeur de notre système et sommes persuadés que la culpabilisation individuelle n’est qu’un prétexte pour empêcher de se poser de vraies questions et de remettre en cause ce système capitaliste basé sur le profit à tout prix! C’est pour cela que les jeunes ont répondu nombreux à la grève puis à la manifestation du 2 février. Les petits pas, ça ne suffit pas! Révolution, nous n’avons pas le choix», conclut-elle