Le marxisme est à la fois une utopie au sens noble et une analyse sérieuse, politique, philosophique, etc. Ce qui demeure de Marx aujourd’hui est sa vision très lucide sur le capitalisme, qui n’a pas pris une ride. L’ennui, c’est que l’on a tendance à transformer cette vision en dogme figé au lieu de la considérer comme une étape de réflexion.
J’estime personnellement qu’une réflexion sur la question du pouvoir est nécessaire. Tant qu’une révolution est une prise de pouvoir, cela ne garantit pas que ceux qui arrivent au pouvoir vont vouloir partager avec les autres. On reproduit alors une nouvelle classe. La question de l’usage de la violence doit à mon avis aussi être questionnée. La dialectique est de plus en plus nécessaire, au sens d’entendre l’autre, parler discuter. Plus que le mot «révolution», j’utiliserais d’ailleurs le mot «transvolution», qui inclut évolution, transformation et révolution. Enfin, l’écologie doit aussi être prise en compte.
J’inclus dans ma pensée les idées de Marx, mais je me définirais plutôt comme révolutionnaire, militante de base, que comme marxiste au sens de l’adhésion à une théorie. Pour moi, être révolutionnaire, c’est être avec les gens, parmi les gens, au milieu des gens. Cela doit être une dénonciation de tous les pouvoirs, de la compétitivité, et aussi une autocritique. J’entends trop souvent dire que «les gens ne comprennent pas, ne savent pas». Je ne suis pas d’accord avec ce type d’affirmation. Il faut mettre en avant les valeurs du partage et de la solidarité.