L’époque où l’on vit confirme une bonne partie des théories de Marx sur le capitalisme. La recherche du profit pour le profit prime, la production est démesurée et détachée des besoins des gens, qui vivent une sorte d’illusion de vie dans la consommation. Le travail n’est souvent plus relié aux besoins réels de la société. Pour une partie des emplois, le phénomène qu’on nomme l’ubérisation, décrivant des conditions de travail dépourvues de toute protection sociale montrent un triste retour en arrière, servant le profit et non pas le droit à une existence digne. La tendance générale est aussi à l’évacuation de toute dimension sociale, ou de «classe», des inégalités. Par exemple, dans le cadre de l’attribution de prestations sociales, on veut «responsabiliser» les gens par la contrainte, sans que la responsabilité sociale de l’économie ne soit même évoquée.
L’analyse du capitalisme de Marx est donc toujours très pertinente et peut inspirer et aider à comprendre la réalité actuelle, même s’il faut l’adapter au contexte d’aujourd’hui. Par exemple, la lutte des classes s’est élargie aux rapports nord-sud. La crise migratoire, notamment, n’était pas dans son analyse. Mais Marx est le premier à avoir décortiqué le capitalisme. Il reste à ce titre une référence majeure, pour les penseurs de tous bords. Au niveau des actions à mener face à la situation actuelle, je pense qu’il faut lutter contre les inégalités sociales, et reconstruire des activités conviviales, gratuites et des structures d’entraide: des structures locales, des petites entreprises, la production locale d’aliments. Il faut redonner sens citoyen et non pas seulement marchand aux activités humaines.