Suite au rejet du projet de réforme des retraites PV2020 en septembre, le Conseil fédéral avait annoncé le 20 décembre dernier qu’il envisageait de proposer deux réformes distinctes, pour le premier et le second pilier. «L’objectif reste le même: maintenir le niveau des rentes et assurer le financement à moyen terme de la prévoyance vieillesse», précisait l’exécutif. La semaine dernière, il a ainsi présenté les mesures qu’il envisageait pour stabiliser l’AVS. Un avant-projet de réforme devrait être mis en consultation avant l’été.
Celui-ci comprendra une augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Des compensations sont prévues, qui devront être financées par la TVA, des cotisations salariales, ou une combinaison des deux, mais leur nature n’est pas encore déterminée. Un départ à la retraite flexible entre 62 et 70 ans est également prévu, et les citoyens seront encouragés à poursuivre leur activité professionnelle après l’âge de référence de 65 ans. Enfin, à moyen terme, l’AVS serait financée au moyen d’un relèvement de la TVA de 1,7 point. Pour rappel, PV2020 prévoyait une hausse de 0,6% seulement.
Un oreiller de paresse
«Le Conseil fédéral a repris ce que la droite n’avait pas contesté dans PV2020 pour en faire son nouveau projet: augmentation de la TVA, augmentation de la retraite des femmes, et retraite flexible entre 62 et 70 ans. Il a donc fait comme si seule la droite s’était opposée à PV2020, ignorant totalement l’importante mobilisation de gauche, notamment contre la hausse de l’âge de la retraite des femmes!», déplore Christiane Jaquet, présidente de l’AVIVO Suisse et membre du POP. Pour elle, il faut ainsi clairement «rejeter cette proposition, qui est un oreiller de paresse». Et de rappeler également qu’ «il est absurde d’encourager à travailler jusqu’à 70 ans alors que personne n’engage les seniors après 55 ans». Enfin, la militante estime que tout financement additionnel devrait se baser sur une augmentation des cotisations et non de la TVA. «Le taux actuel de cotisation n’a pas bougé depuis 1975», rappelle-t-elle.
Du côté des syndicats, les réactions sont également négatives. «L’USS refuse l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes», avertit la faîtière syndicale dans un communiqué, ajoutant qu’elle «préfère une augmentation des cotisations salariales à une hausse de la TVA». Pour Travail.Suisse, «un financement supplémentaire combiné avec un âge plus élevé de la retraite des femmes, comme le Conseil fédéral le propose, est problématique. Payer plus et pour cela travailler plus longtemps n’est pas accepté par la population». «Nous doutons beaucoup qu’une telle proposition soit capable de rassembler une majorité», constate ainsi Matthias Kuert Killer, responsable de la politique sociale au sein de la faîtière de travailleurs.
«Le rehaussement de l’âge de la retraite des femmes est un immense sacrifice et n’a pas la moindre chance dans les urnes, sans compensations dignes de ce nom», dénonce quant à lui le PS, rappelant que l’âge de la retraite des femmes a été l’un des principaux motifs de rejet de PV2020 en septembre dernier. «Il semble qu’aussi bien le Parlement que le Conseil fédéral néglige la moitié féminine de la population», poursuit le parti, rappelant qu’il s’opposera aussi à toute baisse du niveau des rentes.
Du côté de la droite, c’est essentiellement l’augmentation de la TVA, jugée trop élevée, qui provoque des réactions négatives.