La gauche radicale a combattu, l’automne passé, le projet de prévoyance vieillesse PV2020, qui était le fruit d’un compromis boiteux, obtenu de justesse au parlement fédéral. Nous disions alors que ce projet mettait un emplâtre sur un 2e pilier dont on nous dira dans quelques années qu’il faudra encore le raboter. Nous avons aussi critiqué le fait que cette réforme se faisait sur le dos des femmes, amenées à travailler un an de plus.
Le peuple suisse a finalement refusé PV2020, parce qu’il s’est trouvé une majorité de circonstance formée d’une somme de mécontents sur un ou l’autre des aspects du projet. On peut légitimement s’en réjouir, d’autant que les taux de rentabilité des placements des quelque 900 milliards de francs de réserve des caisses de pensions a avoisiné, en 2017, les 8% (dont seuls 1% -2% ont été versés directement aux assurés): cela devrait laisser un peu de temps pour trouver une solution durable pour le financement des retraites!
Les syndicats ont compris qu’il ne fallait pas toucher à la retraite des femmes à 64 ans et l’ont fait savoir rapidement après la votation. Cela n’a pas empêché le Conseil Fédéral, qui s’est prononcé sur une réforme en deux temps, de proposer une augmentation de l’âge de la retraite globale, mais qui entraînerait une augmentation plus substantielle de la rente AVS que maintenant pour chaque année travaillée au-delà de l’âge légal. Une proposition qui favoriserait les postes à moindre pénibilité et risquerait d’entraîner plus d’inégalité dans l’AVS, alors qu’on sait que dans le 2e pilier, l’inégalité est plus grave et voulue par système.
La droite, quant à elle, a fait savoir que l’augmentation de l’âge de la retraite, tout comme la baisse du taux de conversion du 2e pilier, seraient nécessaires et qu’il ne fallait surtout pas augmenter les rentes AVS, vu le déficit «programmé». Elle est prête à remettre l’ouvrage sur le métier dans ce sens au parlement.
L’automne passé, la gauche radicale affirmait qu’il fallait continuer à se battre pour renforcer l’AVS, qui doit remplir la mission que la Constitution lui assigne: couvrir les besoins vitaux et assurer une retraite digne. Pourtant, son silence est assourdissant depuis lors. Sommes-nous donc incapables de nous mettre d’accord sur un texte unitaire pour lancer une initiative fédérale qui représenterait une vraie alternative au système des retraites bancal et inégalitaire construit ces 30 dernières années? Osons croire que cela sera fait d’ici l’été!