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Aujourd’hui, 40’000 Netzbon circulent dans la région bâloise. L’histoire de cette monnaie locale est liée à celle du Réseau d’économie sociale de Bâle, qui se constitue dans les années 90, quand la crise économique frappe durement la région. L’industrie chimique commence alors à délocaliser, condamnant au chômage de nombreuses personnes, que l’Etat n’encadre que pendant six mois avec des occupations temporaires et des mesures d’intégration.
La population fait preuve de plus d’empathie, et des messages de solidarités arrivent des milieux ecclésiastiques, syndicaux, associatifs ou des travailleurs du social. Des économistes s’en soucient également, à l’instar d’Isidor Wallimann. Plusieurs projets d’entraide se forment, dont le Réseau d’Economie sociale de Bâle, créé en 1992, qui fédère des associations et des individus désireux de venir en aide aux chômeurs tout en œuvrant pour une économie de proximité.
Une monnaie pour freiner la spéculation
Dans le but de donner plus de visibilité à leur groupe et gagner davantage d’adhérents à l’économie solidaire, des militants du Réseau se réorganisent en 1996 en une «Association pour la promotion de l’économie sociale». Ses membres étudient les crises économiques et projettent la création d’une monnaie locale, qui freinerait la spéculation et soutiendrait l’économie locale.
Ils saisissent l’opportunité lorsque, sous l’impulsion de l’ONU, la Confédération lance un concours d’idées pour des projets visant à enrayer la croissance de l’appauvrissement et à améliorer l’intégration sociale. Le projet de monnaie locale présenté par l’Association, bien ficelé, est primé et obtient le soutien financier, grâce auquel la «Coopérative réseau économie sociale» peut lancer en 2002 la monnaie «BonNetzBon» (BNB). Celle-ci se veut complémentaire à la devise helvétique, un BNB valant un franc suisse et la monnaie étant garantie en francs suisses.
Dans un premier temps, le BNB est réservé aux transactions des sociétaires entre eux. Les petits commerces qui l’acceptent voient leur chiffre d’affaires augmenter de 5% et disent pouvoir mieux résister à la concurrence des grandes surfaces. La monnaie locale a du succès, sa demande augmente et à partir de 2005, le BNB se généralise dans la région bâloise et même au delà des frontières, puisque ses promoteurs prévoient son échange contre les monnaies locales en cours chez les voisins français ou allemands.
En 2015, la coopérative, qui compte plus de 130 entreprises membres, rebaptise sa monnaie, qui s’appelle maintenant «Netzbon», le Bon du Réseau. Le Netzbon peut être acquis dans une dizaine de points de vente ou commandé par la poste. Il est disponible en coupures de 1, 5, 10 et 20 unités. On renonce à émettre des billets de valeur supérieure, car cette monnaie est destinée à circuler et non à être thésaurisée. Sur demande, le secrétariat peut envoyer aux clients des certificats de 50, 100 ou même 200 Netzbon. Par ailleurs, on propose aux utilisateurs, particuliers ou entreprises, de souscrire un abonnement de réapprovisionnement tous les 3 mois en NetzBon, à un taux préférentiel. Les organisations ou personnes acceptant les Netzbon comme moyen de paiement ont droit à un cadeau sous forme d’une mention et d’une publicité gratuites sur www.viavia.ch/netzbon.
Une validité limitée dans le temps
Le Netzbon a la particularité d’être émis par séries dont la validité est limitée dans le temps. Les billets de la série arrivant à échéance sont échangés sans frais contre ceux de la nouvelle série. La série actuelle aura cours jusqu’à fin 2018. Les Netzbons peuvent être convertis en francs suisses auprès du secrétariat de l’association émettrice, moyennant un montant forfaitaire de 20 francs et le sacrifice de 5% sur la contre-valeur reçue.
La coopérative Réseau d’économie sociale utilise le Netzbon également comme instrument de crédit de départ pour mettre sur pied des coopératives ou d’autres organismes non lucratifs au service de la population. Par ailleurs, la coopérative accorde des prêts en Netzbons à ses membres désireux de se développer ou de s’engager dans des projets particuliers tels que la production de courant par énergie solaire, l’amélioration de locaux associatifs, l’agriculture de proximité, le logement ou encore des projets relevant de «l’économie solidaire».