Le 18 septembre dernier, de nombreux militants antifascistes, organisations de gauche et collectivités ont rendu hommage à Pavlos Fyssas, le rappeur assassiné il y a quatre ans par un membre de d’Aube Dorée. Dans le quartier populaire Keratsini au Pirée, en sortant du café où il avait passé la soirée avec des amis, Pavlos Fyssas reçut un coup de couteau directement dans le cœur. Des dizaines de personnes étaient présentes ainsi que des policiers, mais ceux-ci refusèrent d’intervenir. Transporté à l’hôpital, le chanteur succomba à ses blessures.
Les paroles que chantait Pavlos, Killah P de son nom d’artiste, sont aux antipodes du discours xénophobe, raciste et haineux d’Aube Dorée. Killah P appelait à l’unité des travailleurs, à la défense de leurs droits. Il dénonçait la connivence d’Aube Dorée avec le patronat, qui s’efforçait de réduire les salaires et rendre les ouvriers plus vulnérables. C’était pour Aube Dorée un de ces gêneurs, auquel il fallait «donner une leçon», à la manière du tabassage quelques jours plus tôt de syndicalistes du Parti Communiste qui collaient des affiches. Pavlos Fyssas put désigner son agresseur en la personne d’un certain Yorgos Roupakias, avant d’être transporté à l’hôpital.
Un procès toujours en cours depuis 2015
L’indignation suscitée par cet assassinat obligea le gouvernement d’Antonis Samaras, passif tant que les victimes d’Aube Dorée n’étaient «que» des immigrés, à s’intéresser aux activités meurtrières de ce parti nazi. La justice s’en est saisie, le procureur enquête pour préciser les charges pesant sur les membres d’Aube Dorée impliqués dans ces crimes et pour déterminer si Aube Dorée constitue une organisation criminelle selon la loi. Le procès a débuté en 2015 et est toujours en cours.
Infatigable, la mère de Pavlos est présente à chaque audience. Tenant fermement à ce que justice soit faite et que les agresseurs de son fils et aussi d’autres victimes soient vraiment punis, la mère de Pavlos a souhaité que la commémoration de l’assassinat du son fils devienne le point de départ d’une lutte antifasciste plus globale et a appelé à une marche. Des milliers de personnes ont défilé de l’endroit du crime jusqu’au port, où ils ont assisté à un concert donné par des groupes combatifs. En même temps qu’au Pirée, on scandait à Thessalonique, à Patras et ailleurs: «Pavlos vit, écrasez les nazis».