L’invitation au voyage du Sinfonietta

Musique • Pas de chef attitré pour l’orchestre lausannois mais une brochette de chefs invités et un programme original à l’affiche de la saison 2017-2018.

Alexander Mayer ayant dénoncé son contrat une année avant le terme prévu, le Sinfonietta de Lausanne est à la recherche d’un nouveau directeur artistique et musical. Il a donc fait appel pour la saison prochaine à des chefs invités qui ouvriront l’orchestre à des styles d’exécution différents et donneront la chance aux musiciens et au public d’un voyage à travers des œuvres et des interprétations d’autant plus intéressantes. Ce sera de plus, pour les instrumentistes, une initiation à la constante adaptation du musicien d’orchestre à des visions qui, tout en restant fidèles à la partition, en donnent des conceptions revisitées par la personnalité de qui les dirige.

Thomas Sanderling a révélé le tragique de Chostakovitch
Le dernier concert de la saison sous la baguette de Thomas Sanderling, et principalement la 9e symphonie de Chostakovitch, qui figurait à l’affiche de ce concert parmi d’autres œuvres, illustrait cette impulsion d’un chef qui modèle la sonorité et révèle la vérité d’une œuvre. Thomas Sanderling sent d’autant plus profondément cette musique qu’il a fréquenté Chostakovitch, qu’il est né et a vécu en Europe de l’Est. Il sait ce que dit cette symphonie et a magistralement transmis le tragique au travers du dérisoire. L’orchestre l’a remarquablement suivi, sans jamais forcer les effets, avec d’émouvants solos au registre des vents.

Rappelons que le Sinfonietta, à l’origine l’Orchestre des Rencontres musicales fondé par Jean-Marc Grob, se veut un tremplin de carrière pour de jeunes musiciens professionnels à leur sortie du conservatoire. C’est dire que la routine ne les guette pas et que le chef est alors autant formateur qu’interprète.

Voyage musical à travers l’Europe
Nul doute que tous, sur scène et dans la salle, auront beaucoup à découvrir la saison prochaine: la direction du Sinfonietta passera en effet de l’Espagnol Roberto Forès Veses au Hongrois Gabor Takacs-Nagy, du Viennois Theodor Guschlbauer au Belge David Reiland; il y aura aussi les Français Paul Meyer et Daniel Kawka dont le nom est souvent associé à la musique du 20e siècle qu’il joue, entre autres, à la tête de l’Ensemble orchestral contemporain.

Le programme, six concerts de septembre 2017 à mai 2018, invite de même au voyage entre des pièces connues comme la Tragique de Schubert , la 6e de Bruckner ou la Pastorale de Beethoven et d’autres plus rarement à l’affiche de Poulenc, Chabrier, Respighi, Dallapiccola, Granados. On entendra aussi Bartok, Ravel, Debussy, de Falla et Brahms, Berlioz, Mendelssohn. Voyage de salle en salle enfin: le premier concert avec Bruckner aura lieu à la Cathédrale le 28 septembre, le dernier à la salle Métropole et les quatre autres à Salle Paderewski.

En attendant que le Sinfonietta ait nommé un nouveau chef permanent, ce qui est nécessaire, indispensable même, à un orchestre pour assurer dans la durée la qualité technique et sonore ainsi que la cohésion de l’ensemble, saluons la diversité de cette saison.

www.sinfonetta.ch