Drôle d’époque où les politiques acceptent d’avaler des couleuvres de peur qu’on leur serve des vipères! Il n’y a pourtant rien de pire que cette soumission, car il n’y a pas de progrès sans risques. Les syndicats et l’USS, dont les instances se montrent adeptes de l’alignement sur retraites 2020, devraient bien le savoir. Car les CCT ne sont pas tombées du ciel. Les salariés de la construction auraient-ils droit à la retraite à 60 ans sans une grève très dure en 2002? Et parlerions-nous de retraites en 2017 si l’AVS n’avait pas été l’une des revendications de la grève générale de 1918 et un dur combat en 1945?
Aujourd’hui, le projet prévoyance vieillesse 2020, qui propose une flexibilité des rentes AVS entre 62 et 70 ans, entraîne une perte de garantie des conventions collectives et une dévalorisation du pouvoir de négociation du mouvement syndical. Des pressions sur les CCT comme celles de l’horlogerie ou de l’artisanat ne sont pas à exclure.
Augmentation du temps de travail et baisse du pouvoir d’achat
Alors que la bataille sur le partage des gains de productivité est loin d’être gagnée et que l’absence d’égalité des salaires entre les hommes et les femmes soulève rage et désespoir, le «paquet» qui constitue l’avenir des retraites ne sait que proposer une augmentation du temps de travail des femmes, afin de faire de substantielles économies, accoquinée d’une promesse pour tous, cossus ou non, de payer une augmentation de la TVA.
Ce triste panorama s’accompagne d’une baisse des rentes et d’une augmentation des primes. On ne peut y voir qu’une attaque concertée pour faire baisser les salaires et les rentes ainsi que faire accepter l’idée de l’allongement du temps de travail, dans la droite ligne de l’offensive constante contre les assurances sociales.
Certes, les membres de la gauche du parlement se sont fermement battus. Leur envie de voir reconnaître leur effort est compréhensible.
Mais ils se laissent hypnotiser maintenant par quelques étincelles, comme les 70 francs d’AVS pour les nouveaux retraités, ce qui n’est que le cache-sexe d’un gâchis. Car le paquet voté par les Chambres ne diffère guère du «paquet Berset» si décrié, comme la baisse du taux de conversion. Pire, on y ajoute une grave entorse au principe d’universalité des rentes AVS puisqu’elles vont différer entre anciens et nouveaux rentiers!
Reprendre l’initiative
La gauche doit revenir aux fondamentaux et redessiner l’avenir, sans se laisser enfermer dans la peur des défaites. Généraliser les CCT par exemple et surtout garantir les retraites en faisant glisser le deuxième pilier devenu si fragile dans le premier avec la garantie des droits acquis. Faire aboutir le référendum est le signe d’une volonté de la reconstruction progressive de l’opposition populaire au «chacun pour soi» et au démantèlement plus général des assurances sociales. Ne nous laissons pas faire!