Lors de la session d’avril des Chambres fédérales, le Conseil national a profité de l’examen du programme de législature pour exiger du Conseil fédéral qu’il dote l’AVS d’un mécanisme automatique d’intervention et diminue sans discussion les rentes AVS si les dépenses dépassent les recettes. Les parlementaires ont en effet profité de la compétence qu’ils se sont attribuée d’élaborer eux aussi la feuille de route du Conseil fédéral. En cette période de remise en cause des retraites, les Cassandre qui annoncent la mort de l’AVS depuis plus de 60 ans s’empressent de saisir toutes les occasions possibles pour s’attaquer au premier pilier. Ces thuriféraires des assurances privées ont donc sauté sur la situation qu’a connue le premier pilier en 2015 – il manquait 579 millions – , sans dommages d’ailleurs, vu l’importance du Fonds AVS qui dispose de quelque 23 milliards de réserves, prévues justement pour les cas d’urgence. Ce fonds AVS est en si bonne forme qu’il a déjà pu sortir 15 milliards et les prêter à l’AI, milliards que le Conseil fédéral s’est engagé à rembourser. Il y a donc une réserve dans le Fonds AVS de plus de 35 milliards.
Les Conseillers aux Etats réagissent
Or, les mêmes qui prétendent qu’il faut couper dans les rentes AVS sont aussi ceux qui ont endigué les rentes et les cotisations depuis 1975! Et parmi ces oiseaux de mauvaise augure, on compte la banque Migros dont un des responsables a scrupuleusement calculé que les rentes AVS devraient diminuer de 120 francs… Encore quelqu’un qui fait mine d’ignorer la Constitution fédérale qui, à son article 112, al 2 litt b, déclare que les rentes AVS doivent «couvrir les besoins vitaux». La volonté du Conseil national de couper dans les rentes AVS n’est en fait qu’un copié-collé d’une des propositions délétères du fameux «paquet Berset». La mesure autoritaire et antidémocratique fait partie du brouet. Or, la commission de la sécurité sociale du Conseil des Etats ne l’a pas entendu de cette oreille. Et, sans opposition, ses membres ont refusé d’entrer en matière sur la décision du Conseil national. Il serait toutefois faux d’y déceler une sincère générosité de la part des représentants du Conseil des Etats. Leur refus signifie simplement qu’ils ont compris combien la décision d’imposer une diminution des rentes AVS serait un carburant inimitable pour le succès de l’initiative AVSplus, qui sera soumise au peuple le 25 septembre prochain. Et de cette initiative, ils n’en veulent surtout pas, accrochés qu’ils sont au soi-disant compromis qu’ils ont élaboré en élaguant dans le projet Berset. C’est ce compromis qui sera justement discuté aux Chambres fédérales lors de la session de septembre. Une décision de diminution des rentes AVS serait du plus mauvais effet au moment où AVS plus demande une augmentation de 10% des rentes! Le peuple, en effet, a toujours, au fil des ans, défendu fermement le contrat social qu’est l’AVS. Face à l’arrogance de la nouvelle majorité UDC/PLR du Conseil national, les conseillers aux Etats se sont donc montrés plus futés mais pas réellement plus sensibles à la pauvreté dans laquelle pataugent plus d’un quart des retraités.