C’est le fameux «Front républicain» dont tout le monde – le monde médiatico-politique, s’entend – se gargarise à chaque scrutin tenu en France depuis une bonne quinzaine d’années: l’alliance de la gauche molle et de la droite encore un peu complexée, pour «faire barrage» au Front national.
Au second tour des récentes élections régionales, cette stratégie a été appliquée dans plusieurs régions, principalement sous l’impulsion du PS. Alors bien sûr, la combine a permis d’éviter qu’une ou deux régions ne tombent en mains du FN… mais à quel prix? Qu’on le veuille ou non, le FN est aujourd’hui le premier parti de France, toutes les dernières élections tenues à la proportionnelle le montrent. Quelle est la légitimité d’un système ne permettant pas la représentation – dans les régions, mais avant tout à l’Assemblée nationale – d’un nombre aussi important d’électrices et électeurs? Combien de frustration politique un tel système peut-il créer, avant de céder?
Les alliances nouées avec l’UMP par le PS à l’occasion du deuxième tour ne sont qu’une manifestation supplémentaire de la perte de repères qui le frappe. Voici un parti qui, trop heureux du prétexte, se retire et s’empresse d’appeler à voter pour des candidats de droite! Emmené par un premier ministre et un ministre de l’économie qui consacrent une partie importante de leur énergie à le vider de toute moelle contestataire ou même réformiste, le PS valide par les actes la thèse «UMPS», selon laquelle il n’y aurait plus aucune différence entre gauche et droite.
En brouillant encore un peu plus les cartes idéologiques, en accréditant l’idée du «seul contre tous», en présentant le triste spectacle de combines organisées par les états-majors, le «Front républicain» aboutit, élection après élection, au renforcement du FN. On en viendrait à penser qu’il s’agit là d’une stratégie réfléchie, déjà utilisée en son temps par François Mitterand.