Autant le dire clairement: les centaines de milliers de migrants qui ont déjà rejoint l’Europe ne représentent qu’une fraction infime des personnes qui, dans un avenir plus ou moins proche, migreront pour des raisons liées aux dérèglements climatiques. Ces déplacements massifs de populations constitueront certainement l’enjeu majeur du XXIème siècle.
Les chiffres sont effarants: alors que pour l’année 2015, on évoque le chiffre de 400’000 migrants qui auraient rejoint l’Europe, ce sont 250 millions – plus de 600 fois plus – qui pourraient être contraints de quitter leurs terres d’ici à 2050, selon une estimation officielle de l’ONU.
Les causes de ces migrations climatiques – un phénomène déjà en cours, en 2012, les catastrophes naturelles ont forcé 32,4 millions de personnes à abandonner leurs maisons- sont à chercher au niveau de l’explosion démographique (de plus en plus d’habitants, toujours plus concentrés dans des villes situées dans des zones à risque), ainsi que de l’accroissement du nombre et de l’intensité des phénomènes météorologiques violents, lié au réchauffement climatique. Nous devons aussi nous préparer à des crises écologico-politiques majeures autour de l’accès à l’eau, sur fond de fin de l’énergie à bon marché et de dégradation des sols arables. D’ici cinq ans, ce sont 60 millions de personnes qui pourraient migrer des régions dégradées de l’Afrique sub-saharienne vers l’Afrique du Nord et l’Europe.
Ces déplacements massifs et structurels de population auront à l’évidence des conséquences très importantes sur les équilibres démographiques, économiques, sociaux et politiques des pays concernés, qu’il s’agisse des pays de provenance ou des pays d’accueil. Il est plus qu’urgent d’imposer des mesures extrêmement volontaristes en matière de politique climatique, pour autant que la catastrophe puisse encore être évitée.