Claude-Alain Voiblet, une personnalité controversée

VAUD • Chez les blochériens vaudois, le conflit s'envenime autour de la personnalité de Claude-Alain Voiblet et de son « clan ». Le vice-président de l'UDC Suisse et omnipotent coordinateur romand du parti est l'objet d'attaques sur son rôle dans la section lausannoise, comme sur certains aspects de sa vie privée. Notre enquête à lire dans notre édition du 1er mars 2014.

Chez les blochériens vaudois, le conflit s’envenime autour de la personnalité de Claude-Alain Voiblet et
de son « clan ». Le vice-président de l’UDC Suisse et omnipotent coordinateur romand du parti est l’objet
d’attaques sur son rôle dans la section lausannoise, comme sur certains aspects de sa vie privée. Notre enquête à lire dans notre édition du 1er mars 2014.

L’UDC vaudoise n’a pas fini de
faire parler d’elle. Au début du
mois de février, un conseiller
communal UDC de Payerne a été
interpellé pour trafic de marijuana,
puis le député François Brélaz a démissionné
avec fracas du parti. Mais ces
deux faits restent anecdotiques comparé
au conflit qui s’envenime autour
de la personnalité de Claude-Alain
Voiblet.

Vice-président de l’UDC Suisse,
coordinateur romand du parti, député
au Grand Conseil et conseiller communal
de Lausanne, ce Vaudois d’adoption
possède de multiples casquettes politiques.
Sur le plan professionnel, par
contre, ça marche moins bien. Rappelons
que ce Jurassien bernois avait
dirigé la Fondation Bellelay, un centre
« agritouristique » dont la faillite en 2004
aura fait perdre 11 millions de francs
aux contribuables. Aujourd’hui, l’ancien
Sanglier réfugié en terre lémanique n’a
plus qu’une modeste sàrl installée à
domicile et dont les activités sont
floues.

Un comité de section « majoritairement
magouilleur et malhonnête »

Moins vagues en revanche sont les
attaques portées à son encontre.
Claude-Alain Voiblet serait une personnalité
« toxique », « immorale », « une
honte pour notre parti », si l’on en croit
des courriers adressés en décembre dernier
au président de l’UDC Suisse, Toni
Brunner, par des membres de la section
lausannoise et que nous avons pu
consulter. « A Lausanne, c’est M. Voiblet
qui mène la barque, les autres suivent,
bien sagement », écrit un conseiller
communal en dénonçant un comité de
section « majoritairement magouilleur et
malhonnête ». Une militante parle d’un
« clan Voiblet » : « Tout membre ou élu
désirant être actif et proposer une revitalisation
de la section ne peut en aucun
cas y accéder s’il ne fait pas partie du
clan. » Un troisième courrier évoque un
comportement envers les femmes « tout
à fait contraire à celui revendiqué par le
parti » et les bonnes moeurs.

Toni Brunner a botté en touche, renvoyant
le problème à la direction de
l’UDC vaudoise. Présidente du parti,
Fabienne Despot a décidé de prendre le
taureau par les cornes en initiant une
médiation animée par les conseillers
nationaux Raymond Clottu et Pierre-
François Veillon. D’après nos informations,
le « clan Voiblet » a pour l’heure
refusé de discuter avec ses opposants,
même si le principal intéressé nous
assure être prêt à les rencontrer. De son
côté, Fabienne Despot ne souhaite pas
commenter cette affaire, en reconnaissant
toutefois qu’il existe bel et bien une
« querelle qui n’est pas saine ».

Un conflit délétère qui déborde du
cadre de la section lausannoise. Sandrine
Ott, la secrétaire cantonale, est en
arrêt maladie après avoir reçu une lettre
anonyme la traitant de « petite chienne »
d’un député qui ne se trouve pas être
dans les petits papiers du « clan Voiblet ».
Quelle ambiance !

Une bonne sans-papiers partagée
avec Philippe Ducommun ?

Au début du mois de février, un article
du Matin révélait qu’une ex-compagne
de Claude-Alain Voiblet l’avait dénoncé
au Ministère public de l’arrondissement
de Lausanne. Selon la plainte que nous
nous sommes procurée, il ne lui aurait
pas reversé les indemnités de l’assurance
qu’elle estime lui revenir sur des objets
dérobés lors d’un cambriolage. « Il y a eu
un constat de police, l’assurance a été
saisie et m’a remboursé 7’500 francs. Je
ne dois rien à mon ex-amie. J’attends
maintenant avec confiance que le procureur
me convoque », explique Claude-
Alain Voiblet à Gauchebdo.

Notre enquête nous a appris que
Claude-Alain Voiblet, alors président de
l’UDC vaudoise, s’était débrouillé pour
la faire engager par son parti. Payée au
salaire horaire de 18 francs, cette Espagnole
a travaillé une centaine d’heures à
mettre sous pli des envois. L’UDC qui
emploie des étrangers, c’est plutôt
cocasse.

Plus intéressant, la plainte de cette
ancienne compagne évoque la « femme
de ménage illégale » de Claude-Alain
Voiblet. D’après les témoignages que
nous avons recueillis, il s’agirait d’une
Equatorienne sans-papiers nommée
Veronica et qui aurait été employée
durant deux ans au domicile de Philippe
Ducommun, député UDC,
conseiller communal lausannois et inspecteur
de police. En plus du ménage et
de la garde du fils de Philippe Ducommun,
dont Claude-Alain Voiblet est le
parrain, Veronica se serait rendue tous
les mardis nettoyer l’appartement de ce
dernier. Tout cela pour 400 francs par
mois, d’après nos informateurs. « J’ai
rencontré à deux occasions une jeune
femme nommée Véro qui s’occupait de
mon filleul, mais elle n’a jamais fait le
ménage chez moi », affirme Claude-
Alain Voiblet. « C’est la maman de mon
filleul qui se charge de mon ménage et
de ma lessive depuis cinq ans. » Celle-ci
vient du même pays latino-américain,
ce dont raillent certains militants du
parti qui n’hésitent pas à parler d’une
« filière équatorienne ». Malheureusement,
Philippe Ducommun, pourtant
habitué des interrogatoires de par sa
profession, n’a pas répondu à nos
demandes d’explication, nous faisant
savoir qu’« absent quelques jours », il
nous rappellerait dès son retour.

« Plusieurs femmes en parallèle »

Qu’en est-il enfin du comportement de
Claude-Alain Voiblet envers les
femmes ? Dans un courrier à Toni Brunner
cité plus haut, on peut lire qu’il
aurait « plusieurs femmes en parallèle »,
« leur promettant à toutes fidélité ». Les
nombreux documents mis à notre disposition
pourraient accréditer ce profil.
Disons que ce divorcé aurait tendance à
tomber amoureux facilement. Il est
aussi question de relations tarifées. Au
retour d’un voyage en Thaïlande avec
son ami Philippe Ducommun, il se
serait ainsi vanté auprès de députés de
son groupe d’avoir séduit, pour parler
pudiquement, quarante filles dans ce
pays. « Tout ça, c’est du bla-bla », répond
le séducteur présumé. « J’ai eu trois relations
personnelles depuis 2012, ça s’arrête
là. J’ai juste fait l’erreur de débuter
une nouvelle relation alors que je n’avais
pas rompu avec la précédente, ça, je l’admets.
Mais je trouve ces procédés de
dénigrement lamentables. »

Sur l’ensemble des attaques dont il est
l’objet, le vice-président de l’UDC Suisse
et coordinateur romand souligne qu’« il
ne s’agit que d’affabulations. Par jalousie,
des personnes cherchent à me nuire. J’ai
reçu des menaces, mais je ne céderai
pas. Moi, je fais de la politique, c’est
tout. »

Et nous, cette histoire nous amuse
beaucoup.

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Dessin Stéphane Montavon