La surveillance des patients de CMS entre sécurité et intrusion

On n’arrête pas le progrès des contrôles sur la vie privée et l’importance des robots et des machines dans notre vie de tous les jours. Ainsi, interrogé par une députée popiste, le président du Conseil d’Etat Pierre-Yves Maillard a reconnu qu’une discrète expérience de domotique a lieu auprès d’une quarantaine de patients qui font appel...

On n’arrête pas le progrès des contrôles sur
la vie privée et l’importance des robots et
des machines dans notre vie de tous les
jours. Ainsi, interrogé par une députée
popiste, le président du Conseil d’Etat
Pierre-Yves Maillard a reconnu qu’une discrète
expérience de domotique a lieu auprès
d’une quarantaine de patients qui font appel
aux soins des CMS (Centres de soins à domicile)
de Nyon et d’Yvonand. Une entreprise
privée, qui est une start-up, a mis au point
un système de surveillance de ces personnes
et il le gère. Le potentiel de suivi est très
large et peut aller du nombre de fois où les
patients se lèvent la nuit – combien de
temps, combien de fois – à la quantité
d’urine émise, du remplissage ou non du
frigo à l’utilisation des plaques de la cuisinière,
du nombre de déplacements au type
d’activité accompli. Bientôt peut-être le
choix du programme de TV préféré, les
adresses des réseaux sociaux répertoriés, les
sites consultés sur la toile. Les services de
l’entreprise Domosafety peuvent étendre
leur offre aux privés, comme par exemple
aux sportifs, afin de contrôler leur poids, le
liquide qu’ils absorbent, les km parcourus, la
qualité de leur alimentation etc. Il s’agit
alors d’un choix libre de ces personnes en
bonne santé d’accepter, voire de demander
et de payer un tel contrôle.

Mais qu’en est-il des personnes fragiles et
dépendantes, comme les patients des CMS ?
A la question de savoir s’il n’y avait pas une
intrusion abusive dans leur vie privée, le chef
du département a déclaré qu’il comprenait
qu’on se pose une telle question. Il a affirmé
qu’un suivi attentif devra être garanti tout
au long de l’expérience qui durera six mois.
Le fil entre sécurité, intrusion et souci d’économie
en personnel est en effet ténu. Livrer
sa vie privée à une entreprise, même si c’est
pour garantir sa sécurité, peut conduire à
une dérive, à un sentiment d’intense
contrôle que même un prisonnier n’a pas à
subir dans sa cellule. Pour le moment en tout
cas. Mais on voit bien toutes les extensions
de surveillance possibles qui pourraient se
développer, dans les hôpitaux par exemple
où l’on manque de plus en plus de personnel.
Par le souci d’une bonne organisation, la
contrainte imposée par des machines pourrait
prendre le pas sur des relations
humaines et chaleureuses, sur des échanges
et sur le droit prioritaire des patients.