Loin de nous l’idée de nous réjouir du résultat spectaculaire d’Oscar Freysinger, ce bateleur de foire chez qui, lorsqu’il se laisse aller, l’agressivité le dispute à la vulgarité. Cela pour la forme. Quant au fond, le personnage incarne, par les idées qu’il véhicule, presque tout ce contre quoi nous luttons. On peut simplement espérer qu’il se coule quelque peu dans le moule ou mette de l’eau dans son… fendant au Conseil d’Etat.
Le progrès de l’UDC a au moins cela de positif qu’il bat en brèche la position ultra-dominante du PDC, ce parti clérico-réactionnaire qui maintient le canton du Valais, depuis un siècle et demi, et avec l’appui d’un organe de presse quasi hégémonique, Le Nouvelliste, dans son retard politique et social (au contraire de Fribourg qui, grâce notamment à son industrialisation, a su passer au monde moderne).
Quant au PLR, il offre le triste spectacle d’une palinodie un peu bouffonne. Après avoir porté aux nues Christian Varone lors d’une assemblée générale très « préparée » et où régnait un climat de quasi-hystérie intolérante – l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin, qui prêchait pour un peu de rationalité, en a fait les frais –, voilà qu’en catastrophe il doit changer de candidat pour tenter de sauver son siège.
Freysinger a été très habile à la télévision au soir du premier tour, en défendant la légitimité du seul siège socialiste… et féminin. Cette prise de position purement tactique d’un adversaire politique ne saurait nous empêcher de tirer notre propre conclusion qui, pour une fois, malgré une prémisse bien différente, va dans le même sens : en l’absence d’un parti de la « gauche de la gauche » vraiment représentatif, il nous faut soutenir Esther Waeber-Kalbermatten, la seule dans ce collège de candidats – par ailleurs essentiellement masculins – à incarner un Valais, surtout urbain, ouvert et progressiste, ce Valais qui, lui, nous est sympathique.
Pierre Jeanneret